samedi 7 février 2015

Nous ne serons plus pessimistes

Le pessimisme est un cancer. Il se nourrit de nostalgies et de frayeurs, les unes et les autres largement fantasmées. Les vieux grincheux ressassent les premières, à tous les âges : "Notre époque ne saurait être que la pire", ronchonnait déjà cet emmerdeur de Caton (l'Ancien), comme si le passé toujours avait été un âge d'or! Pour les prophètes de malheur qui prédisent le feu et le sang, je vous laisse choisir : ils sont trop nombreux, ils défigurent tous les médias en ce moment et alimentent leurs apocalypses du terrorisme (en effet inquiétant), de la situation économique (effectivement  difficile) ou d'un relâchement complet de la morale publique (mais peut-on la relâcher davantage?)
Le chrétien n'est pas pessimiste et ne saurait l'être.
A la troisième question de Kant ("Que m'est-il permis d'espérer?"), il répond "Tout", avec le sourire.
Et, d'abord  : la Vie, la Vie avec un "V" majuscule, la Vie plus forte que la mort,  la Vie qu'il pressent et voit inaugurée en Jésus, dès son ministère public.
Le passage de l'Evangile de Marc, lu ce dimanche, une espèce de "sommaire" de la première activité de Jésus, en atteste : il relève de sa fièvre la belle-mère de Simon (le verbe est "réveiller", en grec, également utilisé plus tard pour dire la résurrection), il chasse les démons (tous nos démons - nos saloperies de petits diables intérieurs qui nous intiment l'ordre de rester dépressifs, qui nous murmurent "A quoi bon te bouger?", comme disait Bernanos...), il se relève lui-même  la nuit (le verbe, employé au participe, anastas, est, également, un verbe de résurrection) pour prier - et tout cela se passe dans la soirée du sabbat et l'aube du premier jour de la semaine - au temps, on voudrait dire au "tempo",  de la résurrection.
Ce n'est pas une histoire passée : racontée ainsi, telle qu'elle l'est, par l'évangéliste, c'est notre histoire, une histoire de Vie et de feu, de passion et de relèvement, de guérison et d'assainissement du cœur, du corps, de l'être humain tout entier.
"Que m'est-il permis d'espérer?" - que cessent les guerres, que les humains se calment, que la bêtise cède la place à la sagesse, que les injustices soient réparées, que les malades soient guéris, que nous soyons enfin heureux sur la terre? Oui, sans doute, oui, bien sûr, mais d'abord : que le cœur humain soit purifié, pacifié, restauré, rendu capable d'aimer, par cette puissance de Résurrection, de Vie et de feu, présente en Jésus aujourd'hui comme hier. Sans cela, aucun autre souhait ne connaîtra jamais l'ombre d'un accomplissement. Mais cela, qui est le cœur de tout, est possible aujourd'hui comme il y a deux mille ans - le temps est aboli pour cette œuvre de Dieu, le contemporain de nos plus grands désirs.
Nous ne serons plus jamais pessimistes. Nous n'en avons pas le droit. Notre espérance, qui vérifie au quotidien notre foi - qui en fait la vérité - nous l'interdit.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire