dimanche 15 février 2015

Autour de Simon...

Une nouvelle fois, retrouvailles autour de Simon, à Abbeville.
Simon était un  jeune garçon, emporté voici douze ans par une méchante tumeur cérébrale. Et depuis lors, fidèlement, chaque année, famille et amis se rassemblent dans sa petit église paroissiale, dans la banlieue d'Abbeville.
Ses parents et grands-parents, son frère (jumeau) et ses sœurs, ses oncles et tantes, ses nombreux cousins, ses amis, et les amis des amis...  chaque année plus nombreux, en tout une centaine de personnes. Une petite chorale anime la messe, la parole est aux jeunes pour les lectures et les intentions, nous célébrons tout simplement l'eucharistie, nous essayons de nous mettre à l'écoute de la liturgie du jour.
Cette fois-ci, le passage de l'évangile de Marc où il est question de la guérison du lépreux. De sa réintégration par Jésus dans la société des hommes. Une page admirable, qui n'a rien d'une anecdote, mais raconte quelque chose de perpétuel, de définitif, dans  la foi des chrétiens et  leur vision du monde : l'exclu est premier, il faut le mettre au cœur de soi, au cœur de sa vie, au cœur de son projet de vie, sinon nous ne serons jamais des hommes, mais resterons  des pantins égoïstes.
Chaque année, l'assemblée s'accroît de visages nouveaux et aussi de détresses nouvelles.
Après la messe, vu cette maman qui vient de perdre dans un brutal accident de voiture son mari et son fils - elle n'était plus que fontaine de pleurs, je l'avais remarquée pendant la communion, mais elle était là, elle était debout et elle le restera.  Et cette autre maman, qui me raconta que son fils venait de devenir fille, avec la cascade d'exclusions, précisément, que cela provoquait - le regard des autres, les ricanements, les jugements qui s'ajoutent aux souffrances intimes, médicales, psychologiques.
C'est le miracle de Simon, qui de son éternité se penche avec amour sur le quotidien de nos vies d'hommes, des vies cassées, fragiles, meurtries, mais qui sont rendues capables de tout traverser avec la joie de Dieu.
C'était le Christ, bien sûr, qui nous rassemblait tous, mais sur l'invitation de ce petit - de cet immense - jeune  garçon.
Chaque année, à Abbeville, il ne s'agit pas de commémorer un mort, mais d'écouter le Vivant.
Chaque année, être partie prenante de  cette fête, plus festive que toutes les fêtes connues, parce que c'est une fête qui vient de l'intérieur, du plus intime, oui, chaque année, cela me remplit de reconnaissance et d'émerveillement.
Si l'idée de "communion des saints" - communion des vivants, de ceux qui veulent, qui aiment la vie, qu'ils soient déjà dans l'au-delà ou encore dans l'ici-bas, si cette idée a un sens, alors il faut aller un jour en toucher la réalisation concrète dans cette petite église du bord d'Abbeville...

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