samedi 6 septembre 2014

"La communauté, lieu du pardon et de la fête"

Je me souviens avoir lu, il y a bien longtemps, ce beau livre de Jean Vanier, le fondateur de "L'Arche" : La communauté, lieu du pardon et de la fête. Paru en 1979, c'est un texte inspirant encore aujourd'hui, qui énonce comment il n'y a pas d'humanité hors communauté. Et comment c'est difficile.
L'évangile de ce dimanche met dans la bouche de Jésus (de façon visiblement rétrospective, mais sans que cela contredise ce qui a pu être sa pensée ou sa parole historique) un lien indissoluble entre sa présence et une vie communautaire : "Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux." (Mt 18, 20) Les Pères de l'Eglise, méditant sur ce verset, ont toujours affirmé que cette présence de Jésus "au milieu" de personnes réunies en son nom, était une présence aussi réelle que sa présence sacramentelle, par exemple que sa présence dans l'Eucharistie. Et, dans les charismes récents reconnus et promus par l'Eglise catholique, celui des Focolarini, fondés par l'italienne Chiara Lubich au début de la Guerre, promeut cette présence première du Seigneur au milieu de personnes qui se mettent d'accord en son nom...
Jésus, semble-t-il, n'a pas voulu dissocier sa présence d'une communauté de vie, porteuse de son nom.
Le christianisme, ce n'est jamais "Moi et Dieu" ou "Dieu et moi", ce n'est jamais seulement une relation personnelle, c'est aussi toujours et d'emblée un "Nous". Du reste, Jésus nous enseignant la prière ne nous a pas demandé de dire "Mon Père", mais "Notre Père"- et par là, nous voilà constitués en communauté(s) de frères. Hors cela, pas de référence à lui - l'évangile, encore une fois, a le mérite d'être clair là-dessus.
Mais c'est difficile! Communauté de foi, de destinée, de partage, de vie : on est souvent bien plus tranquille tout seul! Vaille que vaille, cependant, avec ses grandeurs et ses faiblesses, l'Eglise rappelle au monde cette conviction qu'elle tient de Jésus et qui la tient autour de Jésus : pas de rencontre avec Dieu, dans le Christ, sans l'exercice ("l'ascèse", dit le grec) de la vie commune.
Je pensais à cela en préparant mes homélies, aujourd'hui : "mes", car il y en aura au moins deux. Ce soir, une rencontre à Graty avec des couples jubilaires (cinquante et soixante années de mariage) : la famille n'est-elle pas la première communauté de vie, le premier "lieu du pardon et de la fête"? Demain, à Enghien, célébration des septante années de la libération de la Ville : et prière pour la paix entre nations - autre communauté de destinée et de partage, hors laquelle il ne saurait y avoir non seulement de vie chrétienne, mais de vie tout court.
"Jésus au milieu", comme disait Chiara Lubich, présence réelle du Christ pour la paix des familles et des nations, et, comme disait cette fois Jean Vanier, source de pardon et de fête.

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