jeudi 26 mars 2020

Petit virus, grands effets...

Nous ne savions pas d'où viendrait l'effondrement, mais nous étions nombreux à l'attendre, car il était inévitable.
Les discours, même scientifiques, même exacts, même précis, restaient lettre morte : des discours de Cassandre, qui ne prévoit que le pire et n'est pas entendue, évidemment.
Il fallait quelque chose, une catastrophe, et la machine était si bien huilée que nous ne pensions pas qu'elle pût venir : les Etats se surveillaient, se tenaient en respect, quelquefois se menaçaient. La crise des migrants servait de combustible - l'Europe là-dedans a payé cher, et continuera de payer cher,  sa trahison en "vendant" en quelque sorte ces pauvres gens à la Turquie, qui nous les rend, une fois la somme empochée. Traîtrise pour traîtrise - en attendant, c'est la Grèce qui paie la première addition, dans les îles du  Dodécanèse jouxtant le vieil ennemi de toujours.
Il aura fallu une poussière, invisible à l'œil nu, un virus - même pas un animal - qui se propage à la vitesse de l'éclair et ne connaît pas de frontières.
Et tout s'écroule.
On ferme!
On ferme tout : écoles, industries, restaurants et cafés, églises et temples, et même le Vatican. Finis, les voyages d'agrément et même de travail. On ferme tout, vous dis-je!
Restez chez vous!
Et, de fait, c'est dans l'immédiat la meilleure chose à faire : rester chez soi, retrouver l'autarcie, la solidarité basique des voisinages, la chaleur d'un sourire envoyé de loin.
Et nous avons de la chance : imaginez cela sans les réseaux sociaux, par exemple au XIXème siècle, sans téléphone, sans télévision, sans informatique, sans internet, sans… rien!
Les conséquences? Incommensurables. Rien ne sera jamais plus comme avant : des pans entiers de l'économie mondialisée vont nécessairement s'effondrer, la géo-politique en sera durablement revisitée, les habitudes de vie, bouleversées.
Est-ce un mal? Ne qualifions pas trop vite le changement. Mais notons-le : c'est un tournant, un tournant majeur de la civilisation humaine.

2 commentaires:

  1. Bonjour Mr le Doyen,
    Je tenais à réagir favorablement à l'article posté récemment...
    « Un homme qui renonce au monde se met dans la condition de le comprendre », disait Paul Valéry. Le pas de côté que nous impose le coronavirus peut aussi nous amener à une prise de conscience et nous inviter à une certaine "recentration". Serait-ce l'opportunité d'un détour pour devenir plus clairvoyant (Moïse et le buisson ardent)? Notre monde ne pourra plus longtemps continuer sur cette voie et à ce rythme ! Le bonheur ne consiste pas seulement à courir, à produire et à consommer mais à être véritablement. Ce dont nous avons réellement besoin, ce sont d’hommes et de femmes de silence, de solitude, de prière. Que ce temps de retraite forcée soit l’occasion pour nous de retourner à notre "lieu d'Essentiel", à renouer avec notre part d'intériorité, mais aussi de méditer, de trouver des réponses à ces questions urgentes : A quoi tenons-nous vraiment ? Que voulons-nous sauver ? Sur les décombres, tout devient possible, y compris de se retrousser les manches pour œuvrer à une efflorescence.
    Pour cheminer en ce temps de carême, le magazine La Vie propose de découvrir la vie et les textes inspirés de la poétesse Marie Noël (que vous appréciez tant !), commentés par Chrystelle Claude de Boissieu.

    Bien à vous,

    Stéphane MICHEL

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  2. Merci Stéphane pour cette réflexion opportune et sage… Amitiés!

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