mardi 23 octobre 2018

Désolation, consolation

Est-ce parce que je suis grippé? J'aurais tendance, ces jours-ci, à tout noircir. Alors, il faut apprendre à laisser en nous l'Esprit faire œuvre de discernement.
Certes, il y a de quoi s'inquiéter : un bon nombre des idéaux de ma jeunesse (de notre jeunesse, dirais-je, pour les personnes qui sont comme moi dans la soixantaine) sont malmenés. Par exemple l'Eglise Catholique (du moins, aux yeux des chrétiens) était dans les années septante un idéal de vie fraternelle, on croyait à sa mission non seulement évangélisatrice mais profondément humaniste, pacificatrice. Or, que voyons-nous? Une hiérarchie pyramidale au bord du schisme (et peut-être davantage de schismes multiples), incapable de se réformer sans se déchirer, avec des attaques d'une bassesse inouïe contre le pape de la part de certains, évêques, cardinaux, prélats, qui devraient être ses premiers soutiens, et pour la sauvegarde de quoi? D'une institution? D'une morale? En tous les cas, pas de l'Evangile…
Et, autre exemple, l'Europe : je me souviens d'un long passage, dans l'année de mes dix-huit ans et de ma rhétorique, au Collège de l'Europe, à Bruges, où le Directeur de l'époque nous assurait que nous nous sentirions tous "européens" avant de nous sentir "belges" d'ici peu d'années. Tu parles! Partout, les nationalismes s'exacerbent, quelquefois s'y mêlent fascisme et racisme, mépris de l'autre, enfermement sur soi, peur du migrant et de l'étranger. Bientôt, on se refera la guerre sur le Vieux Continent. Beau progrès!
Et, puisque nous en parlons, la paix, autre idéal de ma jeunesse : partout bafouée, souvent  au nom des religions qui ont mission de la promouvoir,  pour satisfaire les appétits financiers des Etats ou des Régions (dont la Belgique et la Wallonie) qui l'alimentent en fabriquant et vendant des armes au mépris de massacres honteux, avilissants pour l'être humain - seul argument : préserver l'emploi! Oh, on le paiera, ça, on le paiera cher, mes beaux messieurs : non seulement vous perdrez ces emplois, mais votre mémoire passera par les égouts de l'Histoire. C'est à vomir!
Quelle désolation! Alors, comme chantait l'autre, "faut-il désespérer?"
Jamais.  Car il y a des ferments magnifiques.
Et ici, j'en vois : des jeunes soucieux les uns des autres, dans les Mouvements par exemple.
Des gens épris de solidarité, qui tentent de remédier à la précarité d'une  façon certes modeste mais décidée.
Des hommes et des femmes qui s'engagent en politique avec, du moins est-ce l'impression qu'ils donnent, un vrai souci du bien commun, et non pas de leur promotion personnelle.
Des hommes et des femmes soucieux de promouvoir un enseignement de qualité, à la fois exigeant et intransigeant quant aux Droits Humains fondamentaux.
J'ai l'impression d'un monde qui, par certains côtés, craque de partout, certes, mais comme pour faire naître quelque chose d'autre, qui porte en soi, par delà des institutions ou des combats dépassés, la consolation indispensable à la Vie.
Lucide, oui, du moins je l'espère. Découragé, non.

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