mercredi 9 novembre 2016

Election de Trump, démocratie

Mr Trump est donc devenu, la nuit dernière, le quarante-cinquième Président des Etats-Unis d'Amérique. On ne peut pas dire que cela me réjouisse. Mais j'y vois quand même quelques leçons de démocratie.
Car il a été élu démocratiquement, selon les règles de la Constitution fédérale des USA - cela est sans conteste. L'exercice démocratique n'a pas failli, ce que l'on ne saurait dire, par exemple, en Turquie, où l'on voit s'établir durement et sûrement une dictature, sans que l'Union Européenne, pourtant voisine, ne semble s'en émouvoir...
Mr Trump n'a pas été élu par les médias - qui, majoritairement, annonçaient sa défaite, tant chez nous qu'outre-Atlantique. On doit s'en réjouir : aussi importants soient-ils, les médias ne se substituent pas au choix du peuple souverain.
Il n'a pas été élu par les sondages - qui, majoritairement, sauf peut-être dans les derniers jours, annonçaient également  sa défaite. On doit s'en réjouir : aussi éclairants soient-ils, les sondages ne font pas une élection.
Il n'a pas été élu grâce à des moyens financiers supérieurs à ceux de Mme Clinton : cette dernière disposait de dix fois plus d'argent que lui pour sa campagne. On doit s'en réjouir également : aussi colossales soient-elles dans les élections présidentielles américaines, ce ne sont heureusement pas les débauches de fric qui font la différence.
Il n'a pas été élu par l'opinion publique européenne - qui, majoritairement, souhaitait Mme Clinton à ce poste. On doit s'en réjouir : toute légitime qu'elle soit, cette opinion publique ne saurait se substituer au vote du peuple américain.
Et Monsieur Trump a bien été élu par la volonté du peuple des USA. L'exercice démocratique, encore une fois, a, semble-t-il, été sans faille.
Faut-il alors déplorer la démocratie elle-même? C'est, disait Churchill dans la magnifique litote restée célèbre, "le moins mauvais des régimes" - c'est-à-dire le meilleur.
Ne faut-il pas plutôt, si l'on est déçu, se demander pourquoi les Américains ont majoritairement choisi de faire confiance à Trump plutôt qu'à Clinton? Sans doute alors les réponses viennent-elles spontanément : rejet du "système" qui aurait été reconduit avec l'autre candidate, impression par les classes moyennes d'être mal représentées et peu soutenues, sentiment de payer une dette (chez eux aussi colossale),  mais une dette dont ils ne sont pas coupables.
Et chez nous? Le populisme ne se nourrit-il pas des mêmes frustrations?
J'espère que l'élection du nouveau président des Etats-Unis fera aussi réfléchir nos responsables à la façon dont ils maintiennent à bout de bras un système frustrant pour une grande partie de nos concitoyens, tout en prétendant qu'il n'est pas possible de faire autrement. Sinon : manque d'imagination, manque d'audace, manque de volonté politique, conformisme, les mêmes causes produiront sous peu les mêmes effets en Europe que chez nos amis d'Amérique.

2 commentaires:

  1. Merci pour ce commentaire que je trouve très juste.

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  2. La fragilité des démocraties réside dans un manque de conscience des enjeux politiques et d une tendance d une partie importante de la population à se laisser séduire par des manipulateurs qui utilisent les peurs archaïques pour se faire élire.
    D accord avec Benoit cela doit faire réfléchir tout un chacun pour entretenir le sens du bien commun. Attention à la contagion des reflexes de peur et replis.
    Luc Laurent

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