Passé un long moment de rencontre, ce soir à la Maison Diocésaine, avec le Comité du Synode et notre évêque. Je crois que nous progressons bien vers la mise en oeuvre de cet événement qui sera important pour tous les chrétiens du diocèse.
A travers les thèmes retenus, la question globale est, au fond : comment les chrétiens sont et seront-ils vraiment signes, "sacrements", du Christ, alors que la situation sociologique du christianisme a radicalement changé en quelque vingt ou trente ans? Alors qu'on ne peut plus se contenter de formules qui sont, trop souvent, autant d'options idéologiques : entre "servir les pauvres" et se fondre pour cela complètement dans la société, à ma gauche (si j'ose dire) et "célébrer dignement le Seigneur" et se sacraliser radicalement, à ma droite (si j'ose dire encore), comment être non pas seulement identitairement chrétiens, mais spécifiquement chrétiens, c'est-à-dire, comment montrer l'originalité chrétienne, qui n'est pas seulement la philanthropie ou le culte du sacré? Certes, les chrétiens tentent de s'occuper des autres, et des pauvres en particulier, et certes ils célèbrent la sacralité de la vie, mais enfin d'autres aussi le font, et telle n'est pas leur spécificité, si telle est pour une part leur identité.
Comment sensibiliser les gens au fait que rien n'est plus important que de retrouver cette spécificité, faute de quoi le christianisme disparaîtra tout à fait de nos contrées dans dix ou quinze ans, relayé, par exemple, par quelque brave enthousiasme caritatif? Le christianisme restant alors comme un vestige archéologique : intéressant pour les chercheurs, suggestif, même, comme la civilisation minoenne dans la Crète du tourisme contemporain.
Je suis quelquefois soufflé par l'aveuglement des chrétiens, des paroissiens : dans leurs têtes, dans leurs demandes, pour ne pas parler de leurs exigences, tout continuera toujours comme avant - c'était si bien avant : mouvements, célébrations, processions, écoles, bâtiments, en avant marche! On danse sur le Titanic, une coupe de champagne à la main : un monde s'écroule, dans lequel une manière d'être chrétien, d'être l'Eglise, a déjà passé, mais on continue à faire comme si.
Comment sensibiliser les gens? Comment leur rendre une authenticité chrétienne?
Je crois que ce synode, au fond, n'a pas d'autre but - il n'est pas là d'abord pour prendre des décisions, mais pour prendre conscience. Pour prier aussi et d'abord, car finalement, être chrétien, c'est être le Christ aujourd'hui présent, être sa prédication, être son geste thérapeutique et sauveur, être la Vie de sa résurrection, et pour être le Christ, il faut aimer s'attarder avec lui, dans le silence du coeur.
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