mardi 26 juillet 2016

Ce qui est à craindre...

En s'attaquant à un prêtre ce matin, des tueurs fous - et fous au sens premier du terme - se sont attaqués à une réalité qui conserve, en France encore plus qu'en Belgique, toute sa force symbolique. Ils contribuent ainsi à créer ou à renforcer un climat de haine déjà trop présent à l'encontre d'une communauté particulière, celle des Musulmans de chez nous, qui sont dans leur très grande majorité absolument étrangers à cette barbarie. Ils veulent précisément attiser cette "islamophobie" rampante et lui faire prendre des couleurs de guerre de religions.
Voilà ce qui est à craindre.
Si ce projet-là, qui est une stratégie à peine voilée de Daesh, réussissait, alors c'en serait fini de nos démocraties occidentales, et la terreur aurait vaincu.
Je suis effrayé de ce que je lis trop souvent sur les réseaux sociaux - en particulier sur Facebook : ce rejet de l'autre parce qu'il est autre, cette volonté de l'exclure, cette stigmatisation commode et malhonnête d'une communauté religieuse particulière.
Ce qui se passe, c'est la conjonction malheureuse d'un extrémisme terroriste, une idéologie radicale et manipulatrice, et d'une jeunesse déboussolée, chez nous, parce que son "intégration" n'a pas réussi dans la société. Le cocktail alors est explosif - c'est le cas de le dire : à des jeunes sans horizon, à des jeunes déçus ou exclus, on propose de se réaliser dans un fanatisme d'abord séduisant, puis suicidaire.
Il faut certes éradiquer l'intégrisme partout, dans toutes les religions et dans toutes les idéologies (il y a aussi un athéisme intégriste et potentiellement dangereux - on l'a vu dans un passé peu éloigné.) Mais il faut surtout s'interroger sur la capacité de notre société à proposer  à  tous, et en particulier aux jeunes, des perspectives de vie qui aient du sens, qui soient porteuses de paix, de fraternité, de justice. Je crois que le christianisme offre - ou peut offrir - cela, et qu'il n'est pas le seul. Des événements comme les JMJ qui se sont ouverts aujourd'hui à Cracovie peuvent aider de jeunes adultes à puiser ainsi dans la foi chrétienne ce qui va baliser, étayer leur existence encore toute neuve.
Quant au confrère - le Père Hamel - qui a été sauvagement exécuté ce matin, pendant qu'il célébrait la messe, c'est-à-dire pendant qu'il exerçait le cœur même de son ministère de prêtre, je le recommande à la prière de tous les fidèles chrétiens du doyenné d'Enghien-Silly. Il a accompli sa vie d'homme et de pasteur, à laquelle il avait été appelé il y a bien longtemps,  et il l'a accomplie d'une façon brutale et certainement inattendue. C'est parce qu'il était prêtre catholique qu'on l'a ainsi assassiné - en ce sens, il est devenu pour tous un témoin privilégié  et, comme nous disons en usant du mot grec, un "martyr" de la foi chrétienne. Maintenant, nous compterons aussi sur son intercession pour que la paix et la fraternité soient rétablies dans le monde, et que soient extirpée de nos cœurs toute velléité de haine ou de vengeance.

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