jeudi 12 mars 2015

La religion, une "affaire privée"?

L'arrêt de la Cour Constitutionnelle aujourd'hui en Belgique, s'il maintient l'obligation faite à l'Enseignement public d'organiser des cours "philosophiques" (religions reconnues ou morale non confessionnelle), interdit de contraindre  les élèves à y prendre part. Je note au passage, comme viennent de le faire les évêques de Tournai et de Liège, que l'arrêt ne déclare pas ces cours "facultatifs" mais semble faciliter des dispenses.... Ce n'est pas la même chose.
En tous les cas, on verra ce que cela donne.
Pour l'instant, je constate que l'on progresse résolument vers ce que d'aucuns désirent et appellent une "privatisation" du religieux : celui-ci devrait disparaître de la sphère publique, des financements publics, du débat public.
Je ne pense pas, mais alors pas du tout, qu'il y ait là un progrès pour notre société. Au contraire, j'y vois plutôt un risque non de privatisation, mais de marginalisation du religieux. A court terme, celui-ci sera refoulé en effet dans des sphères plus cachées que privées, d'où les instances étatiques, universitaires, scolaires, sociétales seront exclues, sans aucune possibilité d'exercer le moindre contrôle ou d'offrir un cadre au moindre débat.
Je crains alors les effets "boomerang" : ainsi dénié, le religieux explosera fatalement, de façon encore beaucoup plus violente qu'aujourd'hui, et l'Etat se sera interdit, à son égard,  toute parole de dialogue, sauf la parole répressive - on voit ce que cela donne : en France, c'est dans les prisons que grandissent les pires terroristes religieux et c'est là qu'ils renforcent leur haine de la société.
Pour ces motifs, tous les grands chefs d'Etat, dans l'histoire, ont toujours tenu à donner une audience publique au religieux - quelles que fussent, par ailleurs, leurs convictions personnelles, et quelquefois avec excès : voyez Napoléon, par exemple, héritier d'une Révolution "tueuse de prêtres", mais qui avait voulu stratégiquement, par le Concordat, relier l'Eglise à son Empire - histoire de renforcer celui-ci et de contrôler celle-là. Voyez aujourd'hui Monsieur Poutine, qui entend bien appuyer son nationalisme sur l'orthodoxie russe pour revenir de quelques décennies de répression du religieux dans l'ex-URSS. C'est ce que j'appelle des "effets boomerang"...
La présente évolution m'inquiète. Je me demande si nos responsables politiques envisagent vraiment, sur le long terme, le bien public ou s'ils cèdent simplement à des sirènes idéologiques...
L'avenir nous instruira là-dessus!

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