samedi 13 avril 2024

Diversité des tâches...

 Nous sommes samedi. Je me retourne vers la semaine qui s'écoule... Diversité des tâches! Ainsi : lundi, j'ai présidé les funérailles d'un ancien Président du Conseil d'Etat, paroissien habituel de la Cathédrale. Célébration sobre, émouvante, en phase avec la grande qualité humaine et spirituelle du Monsieur. L'après-midi, j'ai reçu et longuement écouté un autre paroissien qui entend mettre sa retraite à profit pour s'engager comme bénévole dans les oeuvres sociales de la Paroisse-Cathédrale (il y a encore, voyez-vous, beaucoup de bonnes volontés!) Mardi, j'ai longuement lu le récent document romain Dignitas infinita, avant de recevoir une autre paroissienne et de participer à une réunion du Comité Gudula, qui prépare l'année jubilaire de la Cathédrale (en 2026, nous fêterons les huit-cents ans de l'église gothique). Mercredi, j'ai passé toute la journée au Vicariat de Bruxelles, d'abord pour l'habituel Conseil Vicarial présidé par l'archevêque Mgr Terlinden, puis pour une réunion de travail avec le théologien liégeois Alphonse Borras, chargé de nous éclairer encore sur l'articulation entre prêtres et laïcs au sein des Unités pastorales. Jeudi, les prêtres du Doyenné étaient réunis chez moi d'abord pour une heure de formation : notre ami libanais Elie nous a présenté ses travaux actuels et son sujet de thèse, à savoir la théologie antiochienne des premiers siècles et la littérature syriaque qui la traduit - passionnant! Puis nous avons ensemble concélébré la messe et pris le lunch - toujours un beau moment de partage, avec les confrères. Après-midi, j'ai rencontré une famille qui veut faire baptiser son deuxième bébé. Hier vendredi, après la messe, je me suis rendu à Namur pour mon cours au Séminaire, consacré à la spiritualité jésuite et aux connexions entre elle, les textes carmélitains et ceux de l'Ecole française de spiritualité. Et ce matin, après deux rendez-vous durant lesquels j'ai reçu des couples qui se préparent au mariage sacramentel, j'ai eu la joie de baptiser un petit Adrien à la Chapelle mariale de la Cathédrale. Entretemps, j'avais bien sûr rédigé l'homélie que je prononcerai lors des offices de ce week-end - et d'abord ce soir à 17h30.

Diversité des tâches - mais vraiment, que du bonheur, tant est stimulante la joie de ces rencontres et de ces partages. Comment dit-on déjà? Ah oui : "Je ne donnerais pas ma place pour tout l'or du monde!"

mercredi 10 avril 2024

Dignitas infinita

 La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, présidée par le Cardinal Fernandez, a publié hier un document ratifié par le Saint Père François, et intitulé Dignitas infinita, qui porte sur l'"infinie dignité", donc, de tout être humain. Préparé depuis environ cinq ans, ce texte relativement bref et dense redit la dignité "ontologique" (liée à son être même) de l'être humain. Et, dans la foulée, énonce quatorze circonstances par ou dans lesquelles cette dignité est bafouée. Parmi ces reproches : l'avortement et l'euthanasie, qui contredisent la dignité de la vie humaine "de son tout début à sa toute fin", la doctrine du "genre" qui voudrait se substituer à la différence sexuelle, mais aussi la dégradation de l'environnement, le refoulement des migrants ou la pénalisation (dans certains pays) et le rejet des personnes homosexuelles.

De quoi faire frémir aussi bien les "conservateurs" (on comprend pourquoi) que les "progressistes" (on comprend aussi pourquoi). Mais le pape se moque de ces catégories stupides, fourre-tout et désuètes. Il est une personne libre, et dit ce qu'il pense, que cela plaise ou non.

Heureuse liberté!

samedi 30 mars 2024

Pour le dimanche de la Résurrection

 Chaque année, la liturgie nous offre la joie de célébrer le coeur de notre foi : la résurrection de Jésus, le Christ, notre Sauveur. Les textes évangéliques qui nous présentent cette foi sont de deux types : les récits du tombeau vide (comme celui que nous entendons en ce dimanche de Pâques, extrait de l'évangile de Jean) ou les récits d'apparitions du Ressuscité, que nous entendrons pendant toute la semaine de l'Octave (ce jour qui dure huit jour, jour faste entre les jours...)

Les récits du tombeau vide commencent par une douloureuse surprise : fallait-il qu'à la mort ignoble du Bien-Aimé s'ajoute le drame de l'enlèvement, du rapt, de son corps? "On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a déposé" : décidément, la Madeleine qui est là, tout en pleurs, ne pense pas d'emblée à la résurrection de Jésus!

Il va falloir un acte de foi : l' Eglise - Pierre et "le disciple que Jésus aimait",  c'est-à-dire peut-être Jean lui-même, mais plus probablement tout disciple (tout disciple n'est-il pas "celui que Jésus aime"?) - l'Eglise donc ainsi représentée doit courir pour voir d'abord et constater les signes qui lui sont donnés : oui, le tombeau est vide, oui les linges mortuaires sont rangés, voilà ce que constate Pierre, lui, le premier pape, qui est entré le premier dans ce mystère de la foi. Mais il faut que "le disciple bien-aimé", tout disciple donc, vous et moi, aille plus loin et que par-delà les signes, il ose un acte de foi : "Il vit et il crut!" La vision, le constat, ne suffisent pas et ne remplaceront jamais ce libre acte de foi en la résurrection de Jésus.

Voilà ce que ce matin de Pâques réclame aussi de nous : la résurrection de Jésus demeurera toujours une énigme. Elle ne se dévoile que dans la foi, dans le saut de la foi. Même si elle était "prouvée" scientifiquement (on songe, par exemple, à tous les commentaires qui entourent aujourd'hui encore le linceul de Turin), même alors, cela ne suffirait pas. La résurrection sollicite notre foi, c'est-à-dire aussi notre libre consentement au don de Dieu qu'est la foi : voulons-nous, encore, consentir à la Vie nouvelle qui s'ouvre à nous, qui triomphe là de toute forme de mort, corporelle et spirituelle, psychologique et morale, individuelle et sociale? Voulons-nous, comme les baptisés de Pâques l'ont fait dans la nuit, faire ou refaire ce saut de la foi qui transfigure nos existences et les rend ouvertes et accueillantes à l'oeuvre de Dieu en nous?

Voulons-nous être des enfants de Pâques?

dimanche 24 mars 2024

Accueillir l'autre, sans peur

 Après la conférence de carême  donnée la semaine dernière par le Député Philippe Lamberts sur le défi environnemental - et sa lecture très pointue de l'Encyclique Laudato'si du pape François, qui motive largement son engagement politique de chrétien, c'était aujourd'hui notre archevêque, Mgr Luc Terlinden, qui donnait son point de vue sur un autre défi de taille : la question des migrations. Là encore, un appel vigoureux à entendre et à relayer la parole du pape en évitant d'abord de cultiver la peur face au phénomène migratoire de plus en plus présent dans nos grandes villes. Il en va, dit l'archevêque, de la nature même de l'Eglise, sacrement de salut pour le monde, pour tous les êtres humains, sacrement de leur unité. Gardons-nous de deux discours apparemment contraires, mais en vérité complices : soit un accueil sans régulation, soit un refus frileux tel que souvent prôné par des discours populistes, surtout à l'approche d'échéances électorales. Et rappelons aux responsables politiques leur obligation de traiter avec humanité les demandeurs d'asile...

Garder au coeur cette vision généreuse de l'Eglise qui porte au monde un message inclusif et humaniste : voilà comment entrer avec joie et gravité dans la Semaine Sainte! 

jeudi 7 mars 2024

Vouloir la paix, se préparer à la guerre...

 Hélas, de tous côtés des bruits de bottes... Des spécialistes en géopolitique, des hommes d'Etat d'envergure (comme Monsieur Macron) et des diplomates le disent : il faut prendre très au sérieux les menaces belliqueuses de Monsieur Poutine. L'Europe, qui s'est constituée en continent de paix depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, est menacée par des puissances qui ne connaissent guère comme logique que celle des armes : Russie, Chine, USA... Des puissances qui sont ou vont être aux mains de personnages autocratiques, pour lesquels la violence est le seul langage.

Nous avons eu la chance, en Europe de l'Ouest, de vivre une longue période de paix, oui. Mais il semble que nous devions maintenant nous préparer à la guerre, une guerre défensive si l'on nous attaque, pour protéger nos valeurs communes (parmi lesquelles, la démocratie participative). Y sommes-nous prêts? Je ne parle pas d'abord de préparation militaire (troupes, matériel) - comme elle est affligeante, la perspective pourtant nécessaire du réarmement, qui va évidemment ravir les marchands de canons. Mais je parle d'une préparation spirituelle, pour que, si guerre il y a malheureusement, elle soit vécue et traversée "en chrétiens". D'abord, en continuant à vouloir la paix par tous les moyens, débats, conférences, diplomatie, etc., ne recourant à l'option des armes qu'en dernier lieu. Ensuite, en réarmant nos coeurs et nos esprits pour qu'ils sachent bien la grandeur de ce qui est, chez nous, à défendre : une certaine idée de la dignité humaine et du respect qui lui est dû, une certaine idée de la justice et du droit, une certaine idée de la liberté d'expression - et notamment de religion - dans un contexte pluraliste, etc. Je ne suis pas toujours certain de la fermeté de ces convictions!

Il semblerait que l'histoire, si elle ne se répète pas, du moins bégaie. Les plus anciens se souviendront du courage de Monsieur Churchill, en mai 1940, lorsqu'il décida de résister au nazisme précisément pour défendre les valeurs pré-citées. Lorsqu'il s'en expliqua,  Premier Ministre fraîchement nommé par le Roi Georges VI, dans un discours radiodiffusé où il déclara à ses concitoyens n'avoir à promettre que "du sang et des larmes" pour veiller à cette sauvegarde. Lui et quelques autres (comme De Gaulle, bien sûr) ont contribué au salut et à la paix de notre Europe. Suivrons-nous leurs traces?

Tout cela m'inquiète beaucoup, pas pour moi qui ai largement ma vie derrière moi, mais pour les jeunes générations, dont je suis de plus en plus persuadé qu'elles devront se battre pour défendre non seulement un territoire, mais un certain art de vivre. Ce sera, encore une fois, une bataille militaire, sans doute, mais d'abord et avant tout, une bataille morale et spirituelle. Si vis pacem, para bellum, disaient avec sagesse les Romains : "Si tu veux la paix, prépare la guerre!" Nous voulons la paix, de toutes nos forces. Alors...

mardi 27 février 2024

Ah! Les amourettes des jeunes...

 Reçu aujourd'hui un jeune de seize ans, musulman de culture et d'origine, qui souhaite se convertir à la foi chrétienne et qui demandait pour cela la procédure à suivre. Son histoire : fasciné par Jésus, il l'a prié et lui a demandé son aide, "alors que cela ne se passait pas bien avec sa copine"... Et il a été exaucé! La seule église dans laquelle il soit jamais entré étant la Cathédrale, c'est tout naturellement qu'il y est revenu pour dire son désir de devenir un disciple de ce Jésus qui semble l'attirer à lui.

Comme quoi les amourettes de jeunes, hein, c'est plus sérieux qu'il n'y paraît! Et le Bon Dieu y est présent, sans aucun doute!

lundi 19 février 2024

Nos catéchumènes

En ce premier dimanche de Carême, dans diverses églises du Pays - dont la cathédrale de Bruxelles -  des centaines de catéchumènes adultes  ont répondu à l' "appel décisif" que leur évêque leur adressait au nom de l'Eglise : oui ou non, veulent-ils devenir chrétiens et suivre le Christ durant toute leur vie, et veulent-ils commencer par le rejoindre dans tous les déserts de nos existences, au début de ce temps qui les prépare à leur baptême? Il est émouvant de voir que beaucoup de jeunes gens se sont préparés depuis quelques années à cette décision magnifique.

Le christianisme n'est plus, et ne sera plus - heureusement - une "chrétienté" dans nos pays : il est fini, le temps de cette domination sociale qui, bien qu'ayant porté de beaux fruits, était aussi très largement artificielle et a probablement contribué à occasionner toutes sorte d'abus désormais dénoncés. Plus modeste, la "Voie" chrétienne n'en demeure pas moins pertinente pour de nombreuses personnes, qui voient en elle une source d'épanouissement personnel et de bonheur individuel et collectif.

Les voir assemblées, ces personnes, en divers lieux éminents de notre Pays, est une source d'espérance au début de ce Carême.