vendredi 31 octobre 2025

Contre Zemmour, pour Jésus...

 Dans son dernier (?) opus, La messe n'est pas dite. Pour un sursaut judéo-chrétien (Fayard), Eric Zemmour fait l'éloge d'un catholicisme institutionnel,  facteur d'ordre social pendant des siècles en Occident, et dont il regrette la quasi-disparition, tout en appelant à son sursaut politique. C'est une resucée des idées de Maurras, dans la première moitié du XXème siècle, fondateur de l' Action Française, et qui valut à cet écrivain par ailleurs talentueux l'excommunication par le pape Pie XI. La chanson était la même : oui à l'Eglise catholique, qui a su ériger un ordre social stable et qui doit continuer à le faire, mais non à Jésus, qui au contraire s'est affiché en contestataire de l'ordre social établi en son temps - et donc dans tous les temps.

Je pense très exactement le contraire : oui à Jésus, qui contestera toujours et Dieu merci les institutions qui le portent.

Contre Zemmour, donc. Mais oui à Jésus, pour toujours!

J'attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir...

 Cette formule du Concile de Nicée-Constantinople, nous la professons chaque dimanche ou solennité. Elle nous oblige, notons-le, à changer de verbe lorsque nous abordons les sujets de "l'au-delà", les sujets eschatologiques : la résurrection des morts et la vie du monde à venir! Nous ne disons plus simplement "Je crois", nous disons "J'attends" (Et exspecto...) Tout à coup, notre foi, comme pressée, se mue en espérance et nous voici comme tendus vers ces réalités dernières, qui mobilisent ainsi toute notre vie présente et la projettent dans un au-delà de l'ici et du maintenant, de l'espace et du temps.

C'est qu'il est bien difficile de parler de ces réalités dernières, qui appartiennent à l'au-delà du temps et de l'espace, eux qui nous contingentent si bien. Nous ne vivons sur cette terre que dans l'espace et dans le temps, et simplement imaginer un monde qui leur échappe, c'est pratiquement... impossible. L'éternité n'est pas un temps infini ou indéfini, mais l'absence du temps, l'absence d'espace : voilà ce que l'on dit quand on proclame que Dieu est "éternel". La vie éternelle, la vie en Dieu, c'est donc en effet la vie dégagée de ces contingences - telle est la vie de nos défunts. Inimaginable, mais bien réelle, en Dieu, qui est notre et leur éternité!

jeudi 9 octobre 2025

Panthéonisation, nouveaux évêques belges, chaos politique en France, etc...

 Voilà bien longtemps que je n'ai plus rien posté sur ce blog... Et pourtant, il y a de quoi dire!

Par exemple :

- aujourd'hui, on panthéonise à Paris Robert Badinter : on a raison! Cet "homme juste", sensible aux droits humains fondamentaux, s'est battu toute sa vie en juriste pour l'abolition de la peine de mort en France - combat gagné en 1981, au début du premier mandat présidentiel de François Mitterrand. Combat difficile: les sondages montraient qu'une majorité de Français étaient défavorables à cette mesure. Pour Badinter, juif marqué encore par la Shoah qui avait décimé sa famille, combat nécessaire, urgent. Combat qui reste nécessaire et urgent : des voix populistes voudraient réhabiliter la peine de mort, et c'est bien pour cela qu'on a raison de glorifier Badinter et de le faire entrer dans l'assemblée des "Saints républicains".

- d'autant que la France va mal. Le chaos politique est, non pas comme on le dit trop vite, le fait du Président actuel, mais le fait d'un délitement de la démocratie parlementaire qui, tiraillée par des ambitions personnelles et des populismes étroits et stupides, défaille. C'est une crise de régime, c'est une crise de la démocratie qui oublie ceci : ce régime n'est pas seulement constitué de décisions prises à la majorité, mais d'abord du respect de certaines valeurs communes, comme la vérité, l'égalité, la justice distributive, etc. Malheureusement, ce délitement s'observe dans d'autres grandes nations, qu'on croyait gardiennes de la démocratie : les Etats-Unis d'Amérique, où le mensonge d'Etat tient lieu de vérité politique, l'Italie où le fascisme n'est pas loin de renaître, Israël où l'agression  du voisin palestinien protège un régime de plus en plus totalitaire et militaire, etc. Urgence : protéger les démocraties!

- dans ce contexte international tendu, le Saint-Siège vient de nommer deux nouveaux évêques belges, Mgr Rossignol à Tournai, Mgr Lejeusne à Namur. Tous deux sont de jeunes missionnaires, et le message sous-jacent à leur nomination est clair : la Belgique est "terre de mission", les vieilles recettes cléricales d'autrefois sont obsolètes, passons à une nouvelle étape. Oui, c'est un geste fort. On prie pour eux, pour qu'ils soient soutenus dans leur découverte des paysages diocésains locaux, et suivis dans leurs initiatives pastorales. Ce n'est pas gagné!

- toujours dans contexte, le pape Léon publie sa première Exhortation Apostolique, Dilexi te : il rappelle que le souci des pauvres et des personnes précarisées n'est pas une option accessoire de la vie chrétienne, mais le lieu même - plus que la liturgie, le rite, la bonne doctrine ou la bonne morale, oui, le lieu même de la rencontre de Dieu, du moins pour un disciple du Christ.  A bon entendeur...