samedi 23 août 2025

Une vie réussie : funérailles du P. Hugo

 Je rentre à l'instant des funérailles organisées à la paroisse Saint-Roch pour le Père Hugo Vangeel, missionnaire du Sacré Coeur, qui a été en poste au Congo, au Cameroun et ici à Bruxelles, notamment curé de ladite paroisse. J'y représentais l'archevêque, au milieu de confrères sincèrement émus par le départ de Hugo et d'une communauté très africaine, qui a montré un  visage d'Eglise priant, enthousiaste, chaleureux.

Hugo a été un prêtre simple et joyeux, accueillant la misère dans un coeur grand comme le monde. Dans tous les endroits où il est passé, il a accueilli et recueilli les sans papiers, les sans domicile fixe, les migrants, les paumés, les perdus  -  des perdus pour lesquels il a été un "sauveur" et très certainement l'image concrète du Sauveur.

Le Peuple de Dieu qui se pressait ce matin dans l'église, peuple de gens simples et modestes, a manifesté en priant et en chantant sa reconnaissance pour une vie donnée.

C'est-à-dire, pour une vie réussie. Car on peut bien "réussir" dans la vie, cela c'est une question de chance et tant mieux si cela arrive, même si ce n'est pas toujours gage de bonheur. Mais autre chose est de "réussir sa vie", et pour cela, il n'y a qu'un moyen : la donner, sans rien en retenir.

Hugo a été pour nous, ce matin, le modèle d'une vie réussie.

jeudi 14 août 2025

Corps glorifié ou chair à canon?

 Demain, solennité de l'Assomption. La Vierge Marie, pleinement femme et pleinement "humaine", est présente dans la gloire de Dieu avec un corps incorrompu. Elle figure ainsi notre destinée, le rêve de Dieu sur l'humanité, sur chaque être humain, dont le corps n'est pas seulement un vêtement provisoire qu'on enlèverait au moment de mourir pour le laisser pourrir en terre ou disparaître dans les flammes d'un crématoire. L'être humain, chaque être humain - vous, moi - non pas "a" un corps mais "est" un corps, et ce corps comme le reste de la destinée qu'il porte (âme, esprit, sensibilité, ...) est promis, donc - voilà ce que nous enseigne l'Assomption - à être "assumé" dans la gloire de Dieu.

Ce corps humain transfiguré déjà en Jésus, ressuscité avec lui, nous le considérons pourtant comme quantité négligeable. Oh, nous le nourrissons, bien sûr, trop et mal dans nos pays, et pas assez dans une majorité d'autres. Nous le fardons, l'habillons, quelquefois le bodybuildons, le voulant être l'expression de nos rêves de beauté, de séduction, de puissance. Nous déplorons les faiblesses de son vieillissement, au point de préférer parfois disparaître tout entiers quand il devient trop souffrant ou même trop décevant. Nous considérons trop peu sa fin, pour bien le traiter : sa fin est glorieuse, il est nous, il nous porte et nous constitue, et s'il disparaît à la mort devant nos yeux de chair, il est présent en creux dans nos destinées éternelles. 

Il n'y a pas plus "charnel" que la célébration de l'Assomption, qui donne au corps humain sa véritable consistance, parce qu'elle lui donne sa véritable destinée. Celle d'une femme incorrompue, qui porte encore aujourd'hui, comme une Mère d'humanité nouvelle, cette assomption qu'au fond de nous, au plus intime, nous espérons tous.