dimanche 22 décembre 2024

"Quand nous visite l'astre d'en-haut..."

 La Visitation dont la lecture évangélique de ce jour nous rapporte le récit en saint Luc, ce n'est pas seulement une visite - celle de la jeune Marie à sa vieille cousine Elisabeth, toutes deux étant enceintes. La Visitation, c'est une visite d'une autre ampleur - d'où l'ampleur aussi du terme. C'est, à travers Marie enceinte, Dieu lui-même qui rend visite à l'humanité et s'inquiète de savoir... comment ça va, du côté des humains.

Eh bien, mettons que ça ne va pas fort.

Les humains ne semblent guère heureux, ni dans les pays riches, ni dans les pays pauvres. Dans les premiers, ils sont inquiets et, dans les seconds, maltraités. Leurs responsables ne semblent guère futés, incapables de leurs procurer le bonheur autrement que par des gadgets chez les premiers, ou par des promesses chez les seconds. Alors, en lieu et place du bonheur, on leur offre des guerres, des guerres, des guerres, pour des bouts de territoire, pour des histoires compliquées de droits non respectés, pour des menaces prétendument religieuses ou culturelles - on serait dans des cours de récréation, bon, les maîtres siffleraient la fin de ces conflits imbéciles, mais on joue dans la cour des grands, n'est-ce pas, alors, on tue, on massacre, on assassine, on fabrique des armes, encore des armes, toujours des armes - une bénédiction pour les usines et les marchands, et même, au passage, pour les trafiquants. 

Non, vraiment, chez les humains, ça ne va pas fort ces temps-ci.

Mais Dieu vient visiter son peuple. Pas pour le punir, non, il a renoncé depuis longtemps à cette pédagogie de la punition. Pas non plus pour approuver ses délires, non : il y a tout de même du reproche dans sa visite.

Alors, pourquoi vient-il? Reprenons la formule habituelle : "pour sauver". Son salut à l'humanité n'est pas seulement une salutation, mais une salvation. Il vient sauver l'humanité d'elle-même car, laissée à ses propres décisions, elle ne s'en sortira pas. Et ce salut, il le veut radical - allant jusqu'à la racine du mal, du mystère du mal qu'il veut éradiquer. Non pas d'un coup de baguette magique, non, ce n'est pas son style. Mais en s'y livrant lui-même, en se faisant le tout-petit de la crèche, le rejeté de l'auberge, l'incompris de la prédication, le condamné de la croix, l'abandonné même de Dieu, lui qui est Dieu, le premier des athées dans son cri "Pourquoi?" Il n'esquive rien dans cette geste de salut. Il embrasse entièrement l'humanité, son extériorité et son intériorité, pour lui rendre la capacité d'aimer plutôt que de haïr.

Cela commence par les entrailles : c'est dans le sein de sa vieille mère que le dernier des prophètes tressaille en reconnaissant dans l'autre petit celui qui vient pour tout restaurer dans l'amour : "Lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, dit Elisabeth, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi!" 

Et elle ajoute : "Bienheureuse celle qui a cru!"

Bienheureux aujourd'hui encore ceux qui croient : l'astre d'en-haut vient nous visiter!

Heureux Noël...

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