mercredi 12 juillet 2023

Au bonheur des gens...

 Quelqu'un m'a demandé récemment comment je structurais mes journées. Alors, voici le comment et le pourquoi.

Je me lève tôt, vers 6h00, pour avoir plus de temps à ne rien faire. "Ne rien faire", je veux dire par là : prier. J'ai la chance d'avoir, jouxtant ma chambre, un petit oratoire où je dépose mon moi sorti du sommeil et souvent - toujours - très langoureux. Je reste là, face à Dieu, face à moi, face au vide des deux, et j'appelle cela "prier". Pourtant, de ce creux, tout se noue : la journée à venir reprend visage, et tout ce temps passé (deux heures, souvent), avec toutes les tentations - dont celle, à laquelle quelquefois je cède, de me remettre dans le lit voisin, oui avec toutes ces tentations qui disent ma faiblesse, ma pauvreté, mon incapacité foncière face à la tâche pastorale.

Et puis la journée commence : vers 10h00, je prends connaissance des choses à faire, courrier, demandes, rendez-vous, etc. Et les activités sont terriblement variées : aujourd'hui, par exemple, à 11h00, il y eut une réunion avec les divers services du Protocole du Royaume, pour préparer le Te Deum du 21 juillet prochain. Un certain souci, sans doute bien légitime... Après-midi, à 15h00, un rendez-vous avec la fille d'une défunte dont je célébrerai mardi prochain les funérailles à la Cathédrale. Un incroyable récit de vie de cette femme, qui vient de se retrouver brusquement orpheline, sans famille, sans fratrie, avec seuls quelques amis fidèles autour d'elle. Je n'ai jamais rien vécu de plus précieux que ces "récits" de vie, qui viennent s'échouer devant le pauvre prêtre que je suis dans des moments difficiles et surtout dans les deuils. On les écoute, longuement, on les attrape, on les "boit", en quelque sorte, et ils finissent sans doute par faire la matière première de la prière du lendemain matin.

Et, au milieu de la journée, bien  sûr et heureusement, il y a la messe, la messe quotidienne, avec le petit groupe - et pas toujours si petit que cela - de fidèles de cette messe de 12h30. On s'y met à l'écoute de la Parole de Dieu, on y rompt le pain  eucharistique - on y nourrit sa vie spirituelle, sa vie tout court.

Et soir, petite promenade, petit dîner, et vite au dodo.

Demain, à six heures, hein...

mardi 11 juillet 2023

Eloge du temps monastique... ou bénédictin!

 Aujourd'hui nous fêtons saint Benoît dans l'Eglise, patron de l'Europe (et, accessoirement, "mon" saint patron...), mais surtout, par sa Règle admirable, fondateur du monachisme occidental. 

J'ai beaucoup "tourné" dans les abbayes vivant de la Règle bénédictine, en Belgique, en France, en Suisse, pour prêcher des retraites à des moines ou des moniales auxquels évidemment je n'apprenais rien, mais qui eux, par leur mode de vie, m'apprenaient tout! J'ai en particulier apprécié la vie cistercienne, de la "stricte" ou de la "commune" observance, j'ai aimé vivre à Scourmont, à Orval, au Mont-des-Cats, à Igny, à Blauvac, à Sénanque, à Lérins... 

Un jour, au Mont-des-Cats, alors que j'avais demandé à être (un peu) associé aux travaux monastiques et que, en compagnie d'un frère, je binais des salades au potager, la cloche de Vêpres retentit - et je n'avais plus qu'une salade à biner dans la rangée. Evidemment, j'ai commencé à faire ce travail promptement, pour qu'il soit vite fini. Le frère m'interrompit. Brisant le silence, il me dit, parlant de la salade : "Elle sera encore là demain!" 

Grande leçon! Le temps monastique n'est pas le nôtre et pourtant, nous ferions bien de nous y convertir!