dimanche 26 décembre 2021

Homélie de la nuit de Noël

N


     Nous venons d’entendre une fois encore le magnifique récit de la Nativité, dans l’évangile de Luc. Et une nouvelle fois, nous ne pouvons qu’être sensibles à quelques traits majeurs de ce texte.
     D’abord, la précarité de cette naissance. Il n’y a pas de place pour cette famille dont la mère va accoucher ! Combien de nos contemporains peuvent aujourd’hui se reconnaître dans ce constat : pas de place pour nous ! Pas de place pour les migrants qui s’entassent aux portes de l’Europe, croyant trouver chez nous un avenir meilleur ou tout simplement un avenir. Pas de place pour ces gens que l’on refoule quelquefois au nom de prétendues « valeurs » chrétiennes qu’il faudrait préserver, en oubliant Celui qui toute sa vie s’est assimilé aux exclus jusqu’à faire de l’accueil de ceux-ci un critère du Jugement Dernier (« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli… ») Pas de place non plus pour les personnes qui errent, souvent en famille, et s’entassent dans les centres de nos grandes villes- elles sont de plus en plus nombreuses, ici à Bruxelles, qui dorment dans les rues. Pas de place… Oui, ce Dieu qui vient à nous, nous le reconnaissons dans tous ceux qui ne trouvent pas leur place parmi nous.
     Ensuite, combien cette naissance est un don. Oh certes, toute naissance est don. Mais la naissance de Jésus, nous y voyons avec l’évangéliste la naissance de Dieu dans l’humanité de l’homme, un Dieu bon, un Dieu qui se donne d’emblée dans une mangeoire, un Dieu qui va se laisser manger par l’humanité : déjà l’ombre de la crèche dessine une croix, déjà la crèche nous parle de l’Eucharistie. On comprend l’action de grâce des anges et que c’est à Dieu que revient la gloire de cette humble naissance : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! »

     Enfin, l’évangéliste insiste sur le fait que l’annonce de cette joie de Noël est confiée à des pauvres, à des exclus qui dorment dehors, les bergers qui gardent les troupeaux. Seuls les humbles peuvent découvrir Dieu dans ce tableau d’humilité. Seuls les humbles peuvent en témoigner, en répandre la nouvelle. Demandons ce soir d’être unis nous aussi à cette humilité de Dieu !



dimanche 19 décembre 2021

"Nos enfants seront-ils chrétiens?"

 Rencontré longuement, ce matin, à l'église du Finistère (rue Neuve) les parents des enfants qui sont en catéchèse. Belle et riche rencontre, où s'exprimaient beaucoup de choses.

D'abord, le désir de donner eux enfants le meilleur - et ce meilleur, pour les parents présents, c'est la foi chrétienne. 

Mais, aussi et tout de suite, la conscience des difficultés. D'abord, l'atmosphère d'indifférence religieuse dans laquelle nous baignons : les religions et, en particulier, le christianisme, sont délaissées voire méprisées. Ils rejoignaient là, sans le savoir, les propos récents de la philosophe Chantal Delsol qui parle de la "fin de la chrétienté" et d'un retour au paganisme, à des formes religieuses polythéistes - à quelque chose comme un "pré-christianisme" plus qu'un "post-christianisme".

Mais, paradoxalement, leurs enfants sont aussi confrontés à un brassage multiculturel et multicultuel : beaucoup sont en classe avec de petits musulmans qui interrogent, voire critiquent, leur jeune foi chrétienne, qui la mettent à l'épreuve. D'où la question : comment être tolérant, soucieux de dialogue, et en même temps bien enraciné dans sa foi? Voilà ce que des enfants peuvent et doivent attendre de la catéchèse...

Enfin, l'Eglise catholique n'a guère la cote, traînant avec elle une série de casseroles et perdant du crédit par certains de ses modes de gouvernance. Il appartient aux baptisés, tous ensemble, de restaurer encore et encore cette Eglise qui est la leur - propos bienvenus dans cette année synodale.


Oui, bel échange, vraiment, avec de vrais adultes dans la foi, soucieux d'une transmission respectueuse de ce qui les fait vivre!

dimanche 12 décembre 2021

Rorate caeli desuper...

 Emotion sans cesse intacte, sans cesse renouvelée, quand dans ces liturgies du temps de l'Avent, le "Rorate Caeli" s'élève, majestueux et suppliant tout ensemble, sous les voûtes de la Cathédrale. Oui, "que les cieux distillent leur rosée, que les nuées fassent pleuvoir le Juste..." 



dimanche 5 décembre 2021

Le pape à Lesbos

 J'ai pu regarder, en différé, sur Kto, les images de la rencontre du pape avec les migrants entassés dans l'île de Lesbos. Quelle émotion : le long parcours du Saint Père vers le podium, un parcours de mains serrées et d'appels à l'aide entendus, de longues embrassades aussi. Enfin quelqu'un qui s'arrête devant ces personnes et ne les considère pas d'abord comme un problème, mais comme des êtres humains. 

 Evidemment, le pape ne va pas résoudre les situations de ces milliers de demandeurs, sauf pour quelques-uns qu'il va ramener avec lui, semble-t-il. Mais il leur offre une présence, une attention, et cela change tout.

Du reste, tout ce voyage en Grèce est important : non seulement pour les migrants, mais aussi pour les relations avec l'orthodoxie qui, en particulier dans ce pays, ont été trop souvent tendues et difficiles.

Avec François, il y a vraiment du changement...