lundi 30 janvier 2023

La victoire, ou la paix?

 Revenons un instant sur le douloureux conflit ukrainien. Et posons-nous la question : voulons-nous la victoire (la nôtre, évidemment) ou la paix? Si c'est la victoire d'un camp sur l'autre, que nous voulons, alors il faut continuer cette course armée, destructrice et dangereuse pour tout le monde, avec des risques d'extension du conflit voire de sa mondialisation. On comprend les arguments qui veulent aller en ce sens : la Russie s'est rendue gravement coupable d'une invasion contraire au droit international. C'est vrai, et elle devra d'une façon ou d'une autre rendre compte de cette offensive, et en payer les dégâts. Mais... tant que l'une et l'autre des parties en conflit se disent que "nous allons gagner", alors la paix sera impossible et la guerre risque de durer, avec ses conséquences épouvantables. Ce qui était parti pour être une opération militaire rapide va devenir une catastrophe mondiale, un peu, sans doute, comme en 1914.

Alternative : vouloir la paix, c'est-à-dire demander un cessez-le-feu aussi rapide que possible, et mettre autour d'une table les parties en conflit. Les faire discuter sur les causes proches et lointaines de cette agression, sur les humiliations supposées et subies, sur les craintes réelles ou fantasmées. Négocier ensuite une paix réparatrice et durable. C'est la voie du bon sens, que les chrétiens devraient encourager, eux qui, catholiques ou orthodoxes, se trouvent des deux côtés de cette guerre insane.

Voulons-nous la victoire, ou la paix?


De cela, les Conférences du Carême 2023 à la Cathédrale de Bruxelles feront leur sujet : le dimanche 12 mars à 16h00, Hélène Carrère d'Encausse; le dimanche 19 à 16h00, Mark Eyskens; le dimanche 26 à 16h00, Mgr Coppola, Nonce Apostolique. Bienvenue...

dimanche 22 janvier 2023

Capharnaüm

 Les versets de l'évangile de Matthieu lus ce dimanche nous relatent le tout début de la prédication de Jésus. Et nous précisent, d'emblée, que pour commencer son ministère public, Jésus s'est rendu en Galilée, "carrefour des nations" et plus précisément encore dans la ville principale de la Galilée, Capharnaüm... A la ville sainte de Jérusalem, à son Temple et à son clergé, il a donc préféré cette ville cosmopolite, à la frontière du pays sacré, à ses marges - notre pape François dirait : à sa périphérie.

Capharnaüm! Le nom est resté pour signifier, en français, un lieu ou une situation... mettons, pour faire sobre, "encombrés", en bruxellois on dirait "un fameux bazar"! C'est dans ce carrefour de convictions diverses, de cultures et de pensées disparates, que Jésus a voulu commencer à annoncer la Bonne Nouvelle. Quelle leçon pour nous, qui serions si souvent tentés de maintenir ou de promouvoir une "chrétienté" s'imposant  à tous, avec une manière, et une seule, de penser, de voir et de sentir l'existence. Non, d'emblée la parole évangélique se risque dans un dialogue incessant, infini, non seulement sans craindre ce dialogue, mais en le souhaitant. Il fait partie de l'annonce de la foi, il lui est consubstantiel. 

L'Evangile est une parole risquée, sans cesse mise et remise en jeu, jamais installée. Quel bonheur!

dimanche 15 janvier 2023

Eloge du temps ordinaire

 La liturgie chrétienne, catholique en particulier, possède son rythme et ses respirations. Le début de l'année liturgique est marqué par le temps de l'Avent qui prépare celui de la Nativité - nous en sortons. Puis, et le voici revenu, c'est le temps dit "ordinaire", entendez un temps qui ne comporte pas de grandes solennités. Les évêques, prêtres et diacres s'y vêtent de vert, couleur de l'espérance. J'aime ce temps, ce quotidien ordinaire où l'on répète tous les jours les mêmes gestes, où l'on se repose dans le recommencement, certains diront dans la routine. La répétition du même, la scansion des offices, tout cela exalte en quelque sorte le quotidien, mais comme à bas bruit. 

Il faut du bas bruit.

Nous crevons d'entendre crier, partout, nos écrans sont remplis de débats houleux dans lesquels on ne s'écoute pas, où chacun ne pense qu'à s'entendre parler... Bienheureux temps ordinaire, qui nous fait vaquer à des tâches répétées mais nécessaires, et irrigue ainsi, peu à peu, notre banalité. Il y a quelques années déjà, Colette Nys avait écrit un joli petit livre, là-dessus, intitulé Célébration du quotidien. Oui, célébrons le quotidien, avec non seulement sur le dos mais dans le coeur, le vert de l'espérance!