dimanche 27 février 2022

L'hybris de Poutine

 Dans un texte intitulé Qu'appelle-t-on penser?, du début des années '50, le philosophe allemand Heidegger estime,  non sans une certaine provocation, que la désastreuse deuxième guerre mondiale "n'a rien résolu." Certes, elle a permis de mettre en place une paix provisoire - et nous devons bien reconnaître aujourd'hui ce côté "provisoire"! Mais elle n'a pas résolu la source des conflits qui, pour le philosophe, on le sait, réside dans ce qu'il appelle "l'oubli de l'être", l'oubli de la Source de Vie fondatrice de l'être humain. Tous les régimes idéologiques, de gauche, de droite ou d'ailleurs encore, ne sauraient longtemps préserver la paix et "résoudre" la condition belliqueuse de l'être humain, s'ils s'en tiennent à cet oubli de l'être.

Ce que les événements présents nous invitent à constater avec Heidegger : pour des raisons qui lui sont propres, idéologiques surtout, Monsieur Poutine a développé ce que les Grecs appelaient non pas "péché" (une notion peu présente dans l'Antiquité grecque), mais "hybris" : orgueil, démesure, arrogance, violence, volonté destructrice de domination. L'hybris tôt dénoncé dans la pensée hellène est aussi toujours sévèrement punie, un jour ou l'autre.

Mais bon sang, quand les humains comprendront-ils?

mardi 15 février 2022

Enseigner

 Entré dans l'année de mes soixante-cinq ans, j'ai aussi entamé mes derniers mois d'enseignement (sauf si j'accepte ce que l'Université me propose, une année supplémentaire...) J'ai commencé à faire cours en 1979, à l'âge de 22 ans, l'année où je préparais aussi mon agrégation de lettres classiques. Et pratiquement, je n'ai jamais arrêté!

Et l'enseignement a toujours été pour moi un vrai bonheur. La relation pédagogique, qui suppose en amont un grand travail de préparation (sélectionner les grands points de la matière, veiller à une présentation parlante et compréhensible, etc.), mais aussi une attention constante à l'étudiant pendant les leçons orales et enfin un suivi et une évaluation sans concession (y compris pour l'enseignant!), oui, cette relation pédagogique m'a toujours semblé une formidable source d'enrichissement humain, d'épanouissement.

Il y a un vrai bonheur à partager des savoirs, ou à tâtonner dans des apprentissages. Il y a une vraie joie lorsqu'on constate que des étudiants sont entrés dans une certaine intelligence d'une matière nouvelle. J'espère qu'on gardera toujours à ce noble métier son côté "artisanal" et que les machines et les ordinateurs ne remplaceront jamais tout à fait cette si précieuse relation enseignant/enseigné!