Dans un texte intitulé Qu'appelle-t-on penser?, du début des années '50, le philosophe allemand Heidegger estime, non sans une certaine provocation, que la désastreuse deuxième guerre mondiale "n'a rien résolu." Certes, elle a permis de mettre en place une paix provisoire - et nous devons bien reconnaître aujourd'hui ce côté "provisoire"! Mais elle n'a pas résolu la source des conflits qui, pour le philosophe, on le sait, réside dans ce qu'il appelle "l'oubli de l'être", l'oubli de la Source de Vie fondatrice de l'être humain. Tous les régimes idéologiques, de gauche, de droite ou d'ailleurs encore, ne sauraient longtemps préserver la paix et "résoudre" la condition belliqueuse de l'être humain, s'ils s'en tiennent à cet oubli de l'être.
Ce que les événements présents nous invitent à constater avec Heidegger : pour des raisons qui lui sont propres, idéologiques surtout, Monsieur Poutine a développé ce que les Grecs appelaient non pas "péché" (une notion peu présente dans l'Antiquité grecque), mais "hybris" : orgueil, démesure, arrogance, violence, volonté destructrice de domination. L'hybris tôt dénoncé dans la pensée hellène est aussi toujours sévèrement punie, un jour ou l'autre.
Mais bon sang, quand les humains comprendront-ils?