lundi 29 novembre 2021

Crèches à la Cathédrale de Bruxelles

 La Chorale "Tutti Canti" d'Enghien-Silly avait rejoint, hier après-midi, la Cathédrale de Bruxelles pour accompagner l'inauguration de l'exposition des crèches du monde entier, qui se tiendra jusqu'au 6 janvier prochain.

Un beau moment, de chants partagés, d'enthousiasme et de rencontres, de retrouvailles, aussi. Et la joie toujours recommencée de voir des visiteurs, déjà nombreux, venir admirer les crèches exposées et, à travers elles, appréhender  les problèmes, les joies, les ambiances surtout, de tel et tel pays. C'est vraiment un "espace d'émerveillement".

Belle manière d'entrer en Avent, dans l'attente et l'espérance...

samedi 20 novembre 2021

Etre Roi

 Ici en Belgique, nous savons ce que c'est qu'être Roi - nous en avons un, comme dans beaucoup d'autres démocraties européennes, et en premier la plus ancienne des démocraties du monde, la Grande Bretagne (en quoi du reste me semblent injustes, mais je peux me tromper, ceux qui prétendent que la monarchie constitutionnelle est contraire à démocratie : regardez le Royaume Uni, qui fut l'un des berceaux modernes de la démocratie, et qui est, oh combien, une monarchie. Bon, soit.)

Mais quand nous célébrons le Christ-Roi, nous célébrons une autre monarchie, une autre royauté. "Ma Royauté n'est pas d'ici", dit du reste Jésus dans le passage évangélique entendu aujourd'hui, et qui relate l'entrevue surréaliste entre Jésus prisonnier et Pilate, procurateur romain, représentant, donc, de l'Empereur, et qui a toutes les raisons de se méfier de celui dont on dit qu'il est Roi. Jésus essaie de lui faire entendre que, oui, il est Roi, mais pas comme il comprend les Rois - du reste, Pilate finira par en rester à cette titulature, qu'il fera écrire sur le panonceau fixé sur la Croix et qui dit le motif de la condamnation à mort : "Jésus de Nazareth, le Roi des Juifs." C'est donc un païen qui dira la juste titulature de Jésus - à méditer, cela.

Mais de quel Royaume, de quelle royauté, s'agit-il? Pas quelque chose qui se surajoute aux royaumes ou aux pouvoirs de la terre, ou, pire, qui les surplombe,  non - pourtant, c'était bien quelque chose comme cela que visait l'instauration de la fête du Christ-Roi par le pape Pie XI, en 1925. Non, décidément, autre chose. Un Royaume déjà présent dans les coeurs, mais encore à venir. Jésus le lie, toujours dans le passage proclamé aujourd'hui, à "la vérité". Non pas une vérité que l'on possède, mais une vérité qui nous possède, dont on serait les témoins : "Tous ceux qui appartiennent à la vérité entendent ma voix", dit-il à Pilate. Un Royaume dont les sujets sont possédés, disons-le ainsi, par la vérité.

Quel programme!  Et s'il se réalise dans les coeurs, quel changement pour les royaumes de la terre!

dimanche 14 novembre 2021

Elle passe, la figure de ce monde...

 L'univers passera, un jour, tout finira. Voilà ce que dit Jésus dans la page d'évangile lue aujourd'hui. A mesure en effet que nous approchons de la fin de l'année liturgique, nous lisons des textes qui parlent de la fin... des temps.

Il y aura donc une fin, et ce n'est pas dramatique : nous voyons bien que, pour ce que nous en connaissons, notre Univers n'est pas parfait, que des catastrophes s'y produisent - même quand l'être humain n'en est pas responsable! Non, envisager la fin, ce n'est pas envisager un drame, mais espérer que le temps et l'espace présents soient temps et espace de gestation - à travers beaucoup de difficultés, de tourments, de malheurs même, quelque chose d'autre est en train de naître, que Jésus appelait "le Royaume". 

Nous en voyons déjà les germes - comme ceux qui, ainsi en parlait l'évangile, voyant bourgeonner les branches du figuier, savent que l'été approche! Nous voyons en nous et autour de nous des semences de bonté, de justice, de réconciliation, de miséricorde, de paix - oh, il faut quelquefois aller les dénicher dans des monceaux de boue, c'est entendu, mais enfin, avec de bons yeux, avec les yeux du coeur, on peut les voir!

Et du reste, telle est la tâche des chrétiens : repérer partout ces semences, ces germes, les recueillir et les protéger, les faire pousser et grandir et ainsi hâter la survenue du Royaume. Car oui, "elle passe, la figure de ce monde!"

jeudi 4 novembre 2021

Eloge de la précarité

 En préparant l'homélie de ce dimanche, durant lequel nous lirons ensemble un passage de l'évangile de Marc (Mc 12, 41-44) dans lequel Jésus fait l'éloge d'une "pauvre veuve" qui, mettant seulement deux piécettes dans le trésor du Temple, "a pris de son  nécessaire, et non de son superflu" et "a donné tout ce qu'elle avait pour vivre." 

Refaisons encore l'éloge de la précarité. Jésus ne supporte décidément pas les suffisants, ceux qui, ostensiblement, font des largesses qui ne leur coûtent rien. Il aime la précarité de la veuve - rappelons qu'une veuve, à son époque, n'avait pas de pension de survie, ne disposait pas d'accès à la sécurité sociale, était nécessairement, dans la plupart des cas, démunie et dépendante. 

Elle donne peu - deux piécettes, par rapport au don des satisfaits, c'est dérisoire. Mais elle donne tout ou, pour le dire comme le texte le dit, "elle donne de son indigence." On a l'impression que, pour Jésus, c'est le seul don qui vaille, le don qui puise dans le manque et non dans le trop-plein. Faut-il ici rappeler que, dans l'étymologie latine, "précarité" a la même source que "prière"? Si ce don fait de la précarité est le seul qui vaille, c'est aussi, sans aucun doute, parce qu'il est une prière, la seule prière.

La seule prière vient du précaire en nous. Pas seulement - mais aussi, ne l'oublions jamais! - du précaire économique. Mais du précaire psychologique, du précaire spirituel, du manque, de ce manque foncier qui nous constitue tellement et que nous voudrions pourtant si vite combler - avec quoi? Avec de dérisoires remplissages!

Vénérer la précarité, c'est vénérer le Christ, qui nous montra cette économie du vagabondage et de l'éphémère pour nous raconter que, ce qui plaît à Dieu dans l'être humain, ce n'est pas son établissement, mais son aventure.