dimanche 30 avril 2023

Dimanche soir. Un mot plein d'espérance de saint Augustin

 "Il y a encore un peu de lumière dans l'humanité. Qu'elle marche, qu'elle marche, de peur que la nuit ne s'empare d'elle!" (Saint AUGUSTIN, Confessions, X, 33, dans la traduction de F. Boyer, Les Aveux, Paris, P.O.L., 2008, p. 282)

dimanche 23 avril 2023

"Ma vie avec Mauriac"

 J'ai achevé hier la lecture d'un petit livre inattendu, intitulé "Ma vie avec Mauriac". Inattendu, car signé de Bernard Cazeneuve, qui fut un éphémère premier ministre de François Hollande, et qui, surtout, est issu d'une famille et d'un milieu socialistes et anticléricaux. Que peuvent bien avoir à faire ensemble ce Bordelais bourgeois et chrétien, couvert d'honneurs académiques, et ce Monsieur Cazeneuve? Eh bien, beaucoup! L'Auteur de ce petit essai - collection "Ma vie avec", chez Gallimard, oblige - dit bien entendu les différences d'origine et de choix qui l'opposent à Mauriac. Mais il relève aussi, chez lui comme chez son écrivain de prédilection, le goût de l'introspection, de la solitude et, surtout, de la quête intransigeante de vérité qui oblige à renoncer aux jugements péremptoires, aux idées toutes faites et, plus largement encore, aux idéologies de tout bord.

C'est un petit livre chaleureux, qui a ravivé encore mon estime pour Mauriac et m'a fait découvrir un homme politique refusant de s'encombrer de ces fausses appartenances de chapelles qui en coincent tellement d'autres! C'est si rare...


B. CAZENEUVE, Ma vie avec Mauriac, coll. "Ma vie avec", Paris, Gallimard, 2023, 128pp.

vendredi 14 avril 2023

Deuxième dimanche de Pâques : l'expérience de la foi

 Comme chaque année, le deuxième dimanche de Pâques (dimanche in albis pour les néophytes, les nouveaux baptisés, mais aussi dimanche "de la miséricorde") nous donne à lire le célèbre épisode de l'apparition du Ressuscité aux Apôtres et, en particulier, à Thomas.

Thomas, "dont le nom signifie jumeau" comme le rappelle souvent l'évangéliste, manière de dire qu'il est toujours notre jumeau, Thomas le douteur, lui qui veut voir pour croire, voir de ses yeux les plaies du Seigneur, et même mettre la main dans son côté transpercé... Jésus va lui montrer ses plaies de crucifié, et va l'inviter à les toucher - ce que Thomas, semble-t-il, ne va pas jusqu'à faire. Il va croire, et qualifier le Ressuscité de "Seigneur et Dieu". Et Jésus lui fera observer que sont plus heureux encore que lui ceux qui croient "sans avoir vu" (c'est-à-dire sans doute : nous!)

C'est que voir ne suffit pas. Il faut encore le saut de la foi, ce saut de l'ange, ce consentement intérieur et extérieur qui s'exerce par delà les signes ou les preuves. Même si on prouvait la résurrection de Jésus, cela ne conduirait pas d'emblée à la foi! Du reste, nous voyons, nous aussi, les plaies du Christ : ce sont les nôtres, et celles du monde, il a tout embrassé de la souffrance humaine dans sa passion. Mais il restera toujours cet acte qui n'est pas strictement rationnel, tout en étant raisonnable : passer de la vision à la foi, consentir à ce qui ne se voit pas, sinon avec les yeux du coeur, sinon en développant un regard intérieur.

samedi 8 avril 2023

Heureuse et sainte fête de Pâques!

 A tous les lecteurs de ce blog, je souhaite une très belle, très heureuse et très sainte fête de Pâques!

Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité! Alleluia!

dimanche 2 avril 2023

La Grande et Sainte Semaine

 Nous voici entrés, depuis aujourd'hui, dans la Grande et Sainte Semaine de la liturgie chrétienne, "la Semaine Sainte". Nous montons avec Jésus vers Jérusalem, gravissant les marches glorieuses et enthousiastes des Rameaux pour aller avec lui jusqu'au Golgotha, jusqu'à la Croix du Vendredi, jusqu'au silence étourdissant du Grand et Saint Samedi, jusqu'à l'aube du Grand Dimanche, jusqu'à l'annonce de la Pâque, de la résurrection.

Aujourd'hui, déjà, nous entendions le récit matthéen de la Passion, et le cri que l'évangéliste ne veut pas dissimuler, le cri de Jésus crucifié, le cri d'abandon, que Matthieu prend soin de transcrire dans la langue originale avant de le traduire : "Eli, Eli, lama sabactani?" - "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?" Certes, c'est le début d'un Psaume, le Ps 21 (dans la numérotation liturgique), et nous savons que la finale de ce psaume est glorieuse : "Tu m'as répondu..." (etc.) Le psalmiste voulait décrire le sentiment d'abandon du peuple exilé, et l'a comme ramassé dans le cri supposé d'un condamné à mort crucifié. Jésus le reprend à son compte, sur la Croix, à l'ultime instant. Y Inclut-il déjà la finale glorieuse? Possible. Mais l'angoisse demeure, entière, ce sentiment d'abandon de Dieu - parce qu'il est Dieu, ainsi le proclame notre foi - par Dieu. Dieu abandonné de Dieu, la plus grande déréliction qui soit.

Il n'y a plus rien, ce cri a tout consommé de l'angoisse humaine. Même plus personne à nier, personne à combattre. Dieu est pour toujours absent. Le ciel est vide, et le pendu du Golgotha  n'est soutenu par rien, par aucun espoir, par aucune foi. Athéisme d'un Dieu crucifié...

On ne mesurera jamais l'ampleur de cette détresse, son gouffre abyssal, l'anéantissement volontaire qui s'en fut jusque là, par amour - le plus grand amour.