dimanche 2 avril 2023

La Grande et Sainte Semaine

 Nous voici entrés, depuis aujourd'hui, dans la Grande et Sainte Semaine de la liturgie chrétienne, "la Semaine Sainte". Nous montons avec Jésus vers Jérusalem, gravissant les marches glorieuses et enthousiastes des Rameaux pour aller avec lui jusqu'au Golgotha, jusqu'à la Croix du Vendredi, jusqu'au silence étourdissant du Grand et Saint Samedi, jusqu'à l'aube du Grand Dimanche, jusqu'à l'annonce de la Pâque, de la résurrection.

Aujourd'hui, déjà, nous entendions le récit matthéen de la Passion, et le cri que l'évangéliste ne veut pas dissimuler, le cri de Jésus crucifié, le cri d'abandon, que Matthieu prend soin de transcrire dans la langue originale avant de le traduire : "Eli, Eli, lama sabactani?" - "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?" Certes, c'est le début d'un Psaume, le Ps 21 (dans la numérotation liturgique), et nous savons que la finale de ce psaume est glorieuse : "Tu m'as répondu..." (etc.) Le psalmiste voulait décrire le sentiment d'abandon du peuple exilé, et l'a comme ramassé dans le cri supposé d'un condamné à mort crucifié. Jésus le reprend à son compte, sur la Croix, à l'ultime instant. Y Inclut-il déjà la finale glorieuse? Possible. Mais l'angoisse demeure, entière, ce sentiment d'abandon de Dieu - parce qu'il est Dieu, ainsi le proclame notre foi - par Dieu. Dieu abandonné de Dieu, la plus grande déréliction qui soit.

Il n'y a plus rien, ce cri a tout consommé de l'angoisse humaine. Même plus personne à nier, personne à combattre. Dieu est pour toujours absent. Le ciel est vide, et le pendu du Golgotha  n'est soutenu par rien, par aucun espoir, par aucune foi. Athéisme d'un Dieu crucifié...

On ne mesurera jamais l'ampleur de cette détresse, son gouffre abyssal, l'anéantissement volontaire qui s'en fut jusque là, par amour - le plus grand amour.


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