jeudi 31 mars 2022

Le pape et les pauvres

 On vient de m'envoyer un magnifique petit livre, un bijou : le dialogue tout simple entre le pape François et un certain nombre de pauvres qui galèrent dans les rues du monde et que l'association "Lazare" a regroupés. C'est un échange franc,  direct, d'égal à égal, aussi bien sur la vie quotidienne du pape que sur celle de ses interlocuteurs. C'est un témoignage sur la révolte de ces jeunes gens devant les inégalités et les injustices, une révolte partagée par François. C'est aussi une présentation simple de la foi chrétienne dans ses racines spirituelles.

Courez vous procurer ce texte dont voici les références : Pape François, Des pauvres au pape. Du pape au monde. Dialogue.  Entretiens coordonnés par Sibylle de Malet, Pierre Durieux et Loïc Luisetto, traduction de l'espagnol par Pierre Antoine Fabre,  Paris, Seuil, 2022, 115pp.

mercredi 30 mars 2022

"J'étais en prison et vous m'avez visité..."

 Eric Venot-Eiffel, prêtre du diocèse de Paris, a été pendant huit ans aumônier au Centre Pénitentiaire de Caen (Calvados). Il a consigné cette expérience pastorale dans un beau livre de témoignage intitulé  Derrière les Hauts Murs (Mediaspaul, 2021) et, hier mardi 29 mars, il est venu conclure notre cycle de conférences de Carême à la Cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule, cycle consacré à la situation carcérale dans nos pays, en nous présentant cette expérience.

Beau moment, rempli d'émotion. Avec des mots simples et justes, Eric nous a dit comment le silence et l'écoute, le respect aussi et surtout, lui ont permis de laisser la Vie reprendre au moins un petit peu là où la prison, sanctionnant des fautes parfois gravissimes, l'avait presque complètement éteinte. Long chemin que celui du pardon - d'abord et surtout du pardon que le puni doit apprendre à s'accorder à lui-même! Car l'enfermement dans les "hauts murs" risque toujours d'être un mal destructeur de toute humanité, en enfermant à jamais des êtres humains en eux-mêmes.

Long travail, qui peu à peu permet au Christ et à nul autre de désentraver ainsi des hommes liés, lent et patient travail de libération, que la présence pastorale rend possible dans ces lieux terribles, ces lieux désespérants...

Il me semble que notre regard sur la prison et les prisonniers, après ces trois conférences, a radicalement changé!

mercredi 23 mars 2022

Pourquoi la prison?

C'est le titre que Me Bruno Dayez avait choisi pour la deuxième conférence du Carême, à la Cathédrale: à quoi sert la prison? Au départ, rappelle-t-il, pour les rédacteurs du Code pénal au XIXème siècle, elle est une entreprise humaniste (eh oui!) visant à adoucir les peines infligées aux prévenus reconnus coupables - un substitut à la peine capitale, par exemple, que l'on réserve alors aux crimes jugés gravissimes. La prison est censée punir les coupables, mais aussi les amener à "résipiscence"; elle est censée, aussi, protéger la société, dissuader les malfrats en puissance de passer à l'acte, et réparer - autant que faire se peut! - les préjudices subis par les victimes.

Or, que constatons-nous? A peu près aucune de ces fonctions ne marche... La prison n'empêche pas les récidives, ne dissuade personne (la société occidentale la plus criminogène, les USA, est ainsi par exemple celle qui incarcère le plus) et ne satisfait jamais les victimes. Surtout, loin de concourir à la réinsertion des détenus, elle plonge ceux-ci dans une situation déshumanisante et scandaleuse. Elle est chère (un détenu coûte environ 4.000 euros par mois dans notre pays). Enfin, elle est une peine aléatoire, largement soumise à l'arbitraire du juge, et à laquelle certains échappent toujours (les criminels en col blanc) tandis que d'autres y sont comme voués en raison de leur origine sociale ou de leur parcours perturbé.

Faut-il de la prison? Oui, bien sûr, il reste nécessaire de sanctionner crimes et délits. Mais il faudrait peut-être prendre exemple sur la loi de protection des mineurs, qui permet l'incarcération de ceux -ci (jusqu'à dix-huit ans) à la condition d'un suivi personnalisé et multidisciplinaire. Pourquoi ne pas étendre ces mesures aux autres détenus, généralement pas beaucoup plus âgés que les mineurs? Cela aiderait à la réinsertion, et probablement aurait pour effet de vider en partie ces centres de détention.

Réflexion percutante, donc, que celle de Bruno Dayez, sans concession mais non pas sans espoir ou sans proposition. Tiens... hasard du calendrier, dans "La Libre" de ce mercredi 23 mars, une page consacrée à la question de "l'enfer carcéral"  (LLB, 23/03/2022, p. 10)

"J'étais en prison, et vous m'avez visité". Grâce à la lucidité de cet avocat, nous avons hier soir visité le monde des prisons. Nous voilà prêts à entendre et à partager le témoignage de quelqu'un qui a rencontré, lui aussi, les prisonniers - un "aumônier", le Père Eric Venot Eiffel, qui sera notre prochain conférencier, le mardi 29 mars  à 20h00 à la Cathédrale. Venez nombreux écouter le beau récit d'une vie largement consacrée à ces personnes rejetées, cachées aux marges, et pour cela même centrales dans nos priorités de chrétiens!

mercredi 16 mars 2022

Sur l'état de la Justice dans notre pays...

 Première des trois conférences de Carême, hier soir, à la Cathédrale, trois conférences qui ont pour ambition commune de nous ouvrir les yeux et le coeur sur "la situation carcérale en Belgique". Il fallait, pour commencer, parler de la situation plus générale de la Justice dans notre pays, et plus particulièrement de son indépendance.

C'est Francis Delpérée, professeur émérite de Droit Constitutionnel à l'UCL, qui nous a proposé un point de vue très clair à ce sujet - en pédagogue remarquable qu'il est. Après avoir fait allusion au "Livre des Juges" dans la Bible - pour dire, avec une pointe d'ironie, qu'on n'attend pas dans nos démocraties les mêmes Juges que ceux du livre biblique! -, il a distingué l'indépendance personnelle des juges et l'indépendance institutionnelle de la Justice, illustrant la nécessité de l'une et de l'autre par des exemples historiques.

Rappel nécessaire que celui-là : avant de parler de la prison, de son éventuelle nécessité, de ses fonctions, de son état chez nous, il fallait nous souvenir du ressort par lequel des citoyens sont condamnés à y entrer et rendus libres d'en sortir. L'indépendance et des juges et de la Justice, par rapport aux autres pouvoirs constitutifs d'une démocratie (l'exécutif, le législatif) mais aussi par rapport aux pressions de l'opinion publique, peut seule garantir une certaine éthique dans ces décisions redoutables.

Après ce tour d'horizon un peu large mais indispensable, nous entrerons mardi prochain dans le vif du sujet - le vif, en effet, on l'attend en nous préparant à entendre Maître Bruno Dayez, avocat critique s'il en est sur l'état de la Justice chez nous, avocat des causes difficiles, aussi, voire impossibles. Le point de vue qu'il nous partagera risque d'être décapant...

On vous attend nombreux!

dimanche 6 mars 2022

La joie des catéchumènes

 Je sors de la Cathédrale où Mgr Kockerols, évêque auxiliaire pour le Vicariat de Bruxelles, a présidé en ce premier dimanche de Carême " l'appel décisif " des catéchumènes - une petite soixantaine d'adultes, tous jeunes - trente ans en moyenne - qui seront baptisés lors de la prochaine Vigile de Pâques. 

 Moment émouvant de voir ces jeunes qui, souvent après un long processus, ont décidé de devenir chrétiens, de suivre résolument le Christ. Quelquefois, ils viennent d'autres religions, mais la plupart du temps, ils étaient "sans religion". Ce sont les circonstances de la vie qui les ont bouleversés, qui leur ont fait sentir "la présence de Dieu" ou "la présence du Christ" à leurs côtés, une présence qu'ils veulent approfondir en s'engageant dans la Voie chrétienne.

 Beaucoup de pleurs, déjà, des pleurs de joie, des pleurs de libération, dans ces visages rayonnants. Une réponse vivante à la morosité ambiante...

samedi 5 mars 2022

A la Cathédrale de Bruxelles, les larmes de Dieu...

 Le Carême vient de s'ouvrir. A la Cathédrale de Bruxelles, nous serons soutenus par l'exposition de l'oeuvre "Dieu Miséricorde" du peintre français Michel Pochet. Un ensemble de toiles sur de fragiles supports (c'est de l' arte povera), présentant la plupart du temps de grands visages en forme de coeur : le visage de Dieu. Et, dans  ce visage, les yeux du Christ à travers lesquels Dieu regarde l'humanité souffrante. Des yeux en forme de... poissons ( ichthys, en grec, chaque lettre du moi "poisson" étant dans cette langue la première d'une titulature du Christ : Ièsous Christos Theou Hyos Sôter, "Jésus Christ fils de Dieu Sauveur"). 

Le regard divin est baigné de larmes, des larmes qui coulent sur les êtres humains et leurs souffrances : la Shoah, les attentats terroristes, la détresse des migrants et jusqu'aux guerres d'aujourd'hui. Des larmes, surtout, qui soignent et qui relèvent, le vrai remède, le seul sans doute qui permettra un jour à l'humanité de renoncer à ses folies.

Le pape François a été ému de ces toiles que l'artiste lui a présentées et il lui a demandé de poursuivre et d'exposer son oeuvre - ce que nous faisons avec joie et reconnaissance.

Bon Carême à tous!



A la Cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule, du 6 mars au 1er mai 2022.