dimanche 29 juillet 2018

Visite au camp du Patro d'Enghien

J'ai eu la joie d'aller ce dimanche visiter le camp du Patro des garçons d'Enghien, camp établi à Bastogne. Très belle tenue de ces enfants et des grands jeunes qui les accompagnent, un véritable esprit de famille -  quelle richesse de vie et de foi!
J'ai célébré la messe de ce dimanche avec eux, dans un recueillement impressionnant. "Ca nous fait du bien à tous, cette pause de prière dans notre camp", m'a confié Louis, le Président, qui me raccompagnait ensuite à ma voiture.
Je remercie de tout cœur les dirigeants du Patro - je sais que je peux en dire autant des filles, que je n'ai pas eu l'occasion d'aller voir cette année (pélé à Lourdes oblige!).

jeudi 26 juillet 2018

Est-il raisonnable de croire?

De partout, et de plus en plus, on voudrait nous persuader, dans les pays du Nord de l'Europe, que la foi n'est pas raisonnable, qu'il est n'est pas utile, voire même qu'il est dangereux de l'enseigner - sauf peut-être sous la forme aseptisée d'histoire comparée et distanciée des religions -, que c'est un ramassis de croyances passablement débiles qu'il faut maintenir dans le domaine privé, etc., etc. Alors, faisons le point : est-il raisonnable de croire?
Prenons l'exemple chrétien (car la foi, en ses diverses manifestations religieuses, est heureusement infiniment multiple.) Quel est le "noyau" de son annonce? Que Jésus, un homme juif, palestinien, ayant très sûrement vécu il y a environ deux mille ans, est mort à la suite d'un double jugement religieux et politique, condamné au supplice de la croix, pour avoir perturbé l'ordre social par ses propos contraires à certaines interprétations autorisées de sa religion. Que ses disciples, après sa mort, l'ont proclamé vivant d'une vie nouvelle, "ressuscité" et désormais incapable d'être atteint par la mort. Qu'il est dès lors en effet "le Messie" attendu par ceux-là mêmes qui l'avaient jugé et condamné, l'Envoyé de Dieu, Dieu lui-même entré dans la chair et l'histoire des hommes. Que ceux qui, par le baptême, adhèrent à lui, se laissent envahir par lui, deviennent ses disciples non pas seulement intellectuellement mais existentiellement, par le moyen des sacrements, sont associés à sa victoire sur la mort et à toute forme de mort, du corps, du cœur, de l'âme et de l'esprit.
Est-il raisonnable de penser cela et de croire à cela? C'est sans aucun doute déconcertant pour des esprits et des intelligences qui estiment que seule la science et ses "vérités" assurent le progrès de l'humanité. Ce n'est donc pas "rationnel", sans doute, mais c'est néanmoins "raisonnable" : cela n'est pas contraire à la raison humaine, et celle-ci peut même trouver que l'espérance croyante - chrétienne, en l'occurrence - l'accomplit,  car la raison humaine sait bien, si elle est précisément raisonnable, qu'elle ne vient pas à bout toute seule de l'énigme de sa condition.
C'est ainsi que l'être humain est, a toujours été et probablement sera toujours un homo religiosus : un "homme religieux",  un être d'espérance. Et c'est là un trait distinctif de son "espèce", par rapport sans doute aux animaux avec lesquels (du moins avec un certain nombre desquels, par exemple les mammifères) il partage tant de traits communs.
Je rentre de Lourdes, où j'ai accompagné le pèlerinage diocésain avec cinquante-quatre paroissiens d'Enghien et de Silly - nous nous sommes insérés, avec beaucoup de bonheur, dans les milliers de pèlerins du diocèse et du monde entier qui affluent sans cesse dans la cité mariale. J'ai vu des malades, beaucoup - des gens souvent très durement atteints dans leur santé. J'ai vu des jeunes - beaucoup, et emplis d'enthousiasme. J'ai vu des milliers de personnes porter leur vie devant ce que Bernadette appelait elle-même "cela", au début des "apparitions" en février 1858, et qu'elle finit par nommer "la Dame". Beaucoup, beaucoup de choses ont  sans doute été vécues  sur le même mode avant même le christianisme : je songe à Delphes et aux processions d'Apollon vers la Pythie, à Athènes et aux processions des Panathénées vers Athéna - du "païen", me direz-vous, oui, en effet, mais du religieux, déjà… Était-il déraisonnable, ce religieux naissant dans le pays où naissait en même temps, et en connivence, la raison philosophique, dans l'Athènes de Socrate, de Platon et d'Aristote?
Les chrétiens, pour revenir à eux, et les catholiques en particulier, se sont toujours méfiés du "fidéisme", c'est-à-dire d'une foi qui se donnerait le droit de vivre fermée sur elle-même, sans répondre aux exigences de la raison. Le Concile Vatican I, au XIXème siècle, l'a hautement proclamé, et avant lui, cette nécessité d'une approche critique de la foi avait illuminé l'Occident avec des penseurs comme saint Augustin, saint Anselme, Maître Eckhart, Pascal et Descartes (oui, Descartes, fondateur du "cartésianisme", était chrétien et se revendiquait de la foi chrétienne, et se retournerait dans sa tombe si on le faisait passer pour un athée…) et tant d'autres.
Alors, est-il raisonnable de croire? En tous les cas, ce besoin humain qu'honorent tantôt bien et tantôt mal les religions, est un besoin qui ne semble pas contraire à la raison, et qui, dans le meilleur des cas, éclaire celle-ci et lui donne des perspectives inattendues.