vendredi 16 avril 2021

Lire les Ecritures

 "Alors, il leur ouvrit l'intelligence pour comprendre les Ecritures..." (Lc 24, 45). Dans le récit d'apparition du Ressuscité aux Onze, lu ce dimanche en saint Luc, il y a, comme dans d'autres récits, cette relecture que Jésus propose aux siens pour qu'ils puissent reconnaître, à travers les Ecritures, sa présence de Vivant.

Les chrétiens entretiennent avec leurs saintes Ecritures un rapport particulier, que l'on peut dire "christocentré". Ils ne lisent pas la Bible pour y trouver des préceptes moraux. Ou des récits historiques. Ou des récits mythiques. Ou des poèmes et des chants. Ou de ténébreuses révélations. Pourtant, ils lisent dans la Bible tous ces genres littéraires, si divers entre eux, ils lisent le Pentateuque et les Livres des Rois, la Genèse et l'Exode, les Psaumes et le Cantique des Cantiques, les Evangiles et les Lettres de Paul, et l'Apocalypse... Mais à travers tous ces textes, ce qu'ils recherchent, c'est la rencontre avec le Seigneur Ressuscité.

Voyez le rituel de la lecture publique de l'Evangile, à la messe : lorsque l'évêque, le prêtre ou le diacre a fini sa proclamation, il présente le lectionnaire à la vénération de l'assemblée, en lançant : "Acclamons le Parole de Dieu!" Et le peuple assemblé répond  "Louange à toi, Seigneur Jésus!" Le lecteur ne demande pas d'acclamer une péricope évangélique, ni la matérialité d'un Livre, mais d'acclamer une Personne, le Christ, qui est Parole vivante de Dieu.

A travers la lecture, donc, il n'y a pas simplement la volonté de recueillir des informations, comme lorsqu'on lit un journal. Il y a une rencontre avec Quelqu'un, le Ressuscité. C'est ce que les moines, surtout dans la tradition bénédictine, nomment lectio, "lecture savoureuse", "lecture aimante". C'est une rencontre quasiment aussi forte, aussi nourrissante, que la rencontre de la communion eucharistique. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de se nourrir. Le texte est une table, la première dans nos célébrations.

On est loin des fondamentalismes si déplorables et pourtant si fréquents dans les religions dites "du Livre", lorsque, sans aucune considération critique, on prend les versets sacrés pour des préceptes à appliquer tels quels, de façon souvent moralisatrice. Et c'est malheureusement encore le cas chez nombre de chrétiens, et quelquefois de catholiques, qui sont pourtant prévenus contre ce genre de dérive. Nous ne sommes pas, à vrai dire, une "religion du Livre", mais bien plutôt une "religion de la Parole". C'est tout autre chose!

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