dimanche 13 décembre 2020

"Ni la peste qui rôde dans le noir..."

 A Complies, ce soir, le magnifique psaume 90 : "Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui frappe au grand jour, ni la peste qui rôde dans le noir..."  Non, n'aie pas peur : "Au pire, comme me disait il y a bien longtemps un ami Libanais, plus fataliste que moi, évidemment, quand je lui décrivais mes petites misères de santé, au pire, oui, tu meurs, tu vas au Ciel et tu vois Dieu..." J'ai souvent repensé  à ce mot de Tony, qui m'a toujours remis à ma place et relativisé mes peurs : "Au pire, tu vois Dieu..."

Bien sûr, la situation est complexe, et pour dire ce que je pense au plus intime, nous ne reviendrons à une normalité relative qu'au printemps. Avant, c'est la guerre sans armistice contre ce virus qui non seulement fait mourir - dans cette deuxième vague, j'ai compté plus de dix personnes proches qui sont parties à cause de lui - mais surtout affecte le personnel soignant. Dans ma famille, beaucoup de petits-cousins sont soignants, infirmiers ou infirmières - ils travaillent des septante heures par semaine, sans relâche depuis le mois de mars, sont au bord d'un "burn-out" constamment, ont des enfants  à nourrir et à protéger, vont au boulot la peur au ventre, sont payés des clopinettes, se voient interdire de prendre des congés que l'on convertit en heures supplémentaires taxées à 70%... Et nous ne serions pas solidaires? Et nous voudrions à toutes fins avoir "nos messes", auxquelles "nous aurions droit"??? La messe, un "droit"? C'est nouveau, ça, ça vient de sortir... 

Ici, à la Cathédrale de Bruxelles, j'ai décidé que malgré le timide - et stupide - élargissement offert aux cultes par le Gouvernement, la messe ne serait pas célébrée avant une révision complète des mesures imposées. Quinze personnes, nous permet-on, pour une assemblée eucharistique, qu'elle ait lieu dans cette magnifique Cathédrale qui peut en accueillir des milliers, ou dans mon église natale, et également magnifique, de Solre-Saint Géry, en campagne hennuyère, qui peut en contenir une quarantaine. Alors, si c'est comme ça, je ne ne trouve pas l'ombre d'un critère de sélection : les quinze plus gros? Les quinze plus moches? Les quinze plus jeunes? Les quinze premiers arrivés? Premiers inscrits? Ridicule.

Ici, à la Cathédrale, chacun peut entrer, se recueillir devant les crèches du monde entier qui sont exposées, s'asseoir à bonne distance pour prier, écouter la musique diffusée et quelquefois jouée en life aux grande orgues par nos organistes, rencontrer un prêtre masqué et se confier ou se confesser à lui, déposer ses offrandes de solidarité avec les plus fragiles de nos paroisses... Nous n'irons pas plus loin, et cela me semble déjà beaucoup, tant que l'épidémie présente nous imposera des mesures sanitaires de restriction.

J'aime la messe. Je la célèbre tous les jours, à midi, dans la petite sacristie dite ici "de l'archevêque", avec un seul fidèle de la Cathédrale - toujours le même, et je la célèbre à toutes les intentions que l'on me confie. Je retrouve ainsi une dimension trop oubliée sans doute de la célébration, celle de l'intercession, même et surtout en l'absence physique des fidèles chrétiens. Ils sont présents, autrement. Vous êtes présents, tous, autrement, et peut-être même, plus intensément.

1 commentaire:

  1. Merci Monsieur le Doyen pour les échos de la fête de NOEL en notre chère Cathedrale. Heureusement que les Crèches permettent aux visiteurs d'y venir prier et aussi admirer sa beauté oeuvre des bâtisseurs ! J'ai eu le bonheur de la faire découvrir et aimer.

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