lundi 2 octobre 2023

Les deux enfants

 Hier la liturgie nous donnait à entendre l'étrange parabole des deux fils envoyés à la vigne (Mt 21, 28-32) par leur père : le premier dit non, mais il finit par y aller "saisi par le repentir"; le second dit oui, mais n'y va pas.

Nous sommes ces deux enfants, toujours. Sans doute, nous avons dit oui, comme le second fils, ou plutôt d'autres l'ont dit pour nous, alors que nous n'étions pas en état de décider. Mais la fatigue est là, qui s'est installée, et avec elle le doute, les remises en question, la volonté d'être libre, d'aller voir ailleurs : autant de motifs qui nous font passer par un non, par un refus presqu'adolescent, comme celui du premier fils. Un refus sans doute nécessaire, pour que notre foi ne reste pas un acte de conformisme ou de routine. 

Du creux de ce refus montera en nous le ressouvenir du Père. Il est un Père aimant qui nous envoie travailler à sa vigne non comme des ouvriers ou des mercenaires, mais comme des filles et des fils libres et héritiers d'un bien qui nous est commun, à lui et à nous, d'un bien qu'il nous transmet et nous partage, espérant qu'à notre tour nous le fassions fructifier - car rien n'est plus précieux que ce bien. Oui, du creux de ce refus, le premier enfant en nous est "touché, saisi par le repentir" et va dès lors travailler à la vigne comme à son héritage bien-aimé.

Cela, seul le pécheur en nous peut le comprendre - les publicains et les prostituées, pécheurs publics, le savent bien, qui ne peuvent pas compter sur leurs mérites mais seulement sur l'amour miséricordieux de ce Père aimant. C'est pourquoi, dit Jésus, "ils arrivent avant vous dans le Royaume". Qu'ils nous y accueillent!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire