dimanche 13 avril 2025

Semaine Sainte

 En ce dimanche des Rameaux et de la Passion, nous avons lu et médité le récit de la Passion de Jésus dans la version de l'évangile de Luc. J'y note un trait : au moment de la triple trahison de Pierre, le coq chante comme Jésus l'avait prédit à l'apôtre qui, matamore, lui avait assuré qu'il le suivrait "jusqu'en prison, jusqu'à la mort." Trois fois, pris de panique sans doute, il vient de renier - c'est alors que l'évangéliste écrit : "Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre..." Ce regard change tout : il est à la fois de vérité et de pardon.

De vérité : transpercé par lui, Pierre se voit tel qu'il est, il est placé face à la vérité de lui-même, de sa fragilité, de sa pauvreté. Il n'est pas le va-t-en-guerre, le fanfaron qu'il prétendait. 

De pardon : en même temps, ce regard de vérité le relève et déjà le ressuscite. C'est un regard de miséricorde, celui que Dieu ne cesse de porter sur nous.

Le texte continue, évoquant la réaction de l'apôtre : "Il sortit et pleura amèrement..." Bienheureux, ces pleurs, qui lavent et libèrent  de l'enfermement tant dans le mensonge que dans la culpabilité.  Bienheureuse humanité de l'être humain, ainsi restaurée sous le regard de Dieu.

Pendant la Semaine Sainte, la Grande et Sainte Semaine qui s'ouvre, si nous nous laissions regarder par ce regard, le regard de celui qui aujourd'hui encore porte sur lui, avec la Croix, le péché du monde et le transfigure en nouvelle possibilité d'aimer. J'ai beaucoup médité ces jours-ci le verset paulinien de la Deuxième Lettre aux Corinthiens : "Celui qui n'a pas connu de péché, Dieu pour nous l'a fait péché, pour que nous devenions en lui justice de Dieu." (2Co 5, 21) De plus en plus, à mesure que le temps passe et que je vieillis, à mesure que je regarde, souvent effrayé tout de même, l'état du monde, je me dis que la Passion de Jésus est ce qui fait entrer l'humanité dans la justice véritable, celle de Dieu, précisément parce qu'elle est seule capable de conjuguer en Christ vérité et miséricorde. En cette humilité - humilité de Dieu - se trouve la grandeur de l'être humain, la seule dont le monde ait besoin. 

1 commentaire:

  1. Vertige d'un texte que nous pensons connaître par coeur, alors que c'est le texte lui même qui, à chaque lecture, nous sonde encore et encore les reins et le cœur.

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