Je viens de rentrer de Rome, où j'ai participé le week-end dernier, dans le cadre de l'année jubilaire, à un colloque des "missionnaires de la miséricorde".
Première impression : la foule, compacte, immense, qui sans arrêt et chaque jour, par dizaines de milliers, franchit la distance qui sépare la Piazza Pia de la Basilique Saint-Pierre. Une foule bigarrée, enthousiaste, souvent jeune, venue de partout dans le monde célébrer l' espérance, que le pape a voulu mettre au coeur de cette année jubilaire. Il y aurait donc des gens, et nombreux, qui veulent espérer encore et encore, envers et contre tout? Oh bonheur de s'en rendre compte!
Les échanges, ensuite, théologiques et quelquefois un peu techniques (canoniques) sur ce qui est la mission que le pape confie à ses "missionnaires de la miséricorde". Une mission par lui renouvelée, et inscrite dans la durée... Echanges, oui, et aussi célébrations et concert et prière (du chapelet, dans les Jardins du Vatican, pour la santé de François).
Et puis, il y a Rome, bien sûr! "Roma Amor" comme disaient les Anciens, l'Vrbs, la Ville, la païenne et la chrétienne, la juive aussi (dîné dimanche soir dans un restaurant de l'ancien Ghetto, derrière la Synagogue, et resongé à cette adresse du saint pape Jean-Paul II au Grand Rabbin de l'époque : "Vous êtes nos frères dans la foi, nos frères aînés!")
Au bord du Tibre, tiens, à propos de la Rome païenne, j'ai lu le dernier récit romanesque de Catherine Clément, précisément intitulé Païenne (Seuil, 2025) : avec talent, elle y imagine les derniers mois de la Pythie de Delphes, en 392, lorsque l'empereur Théodose interdit les cultes païens dans l'Empire et fait fermer les vieux sanctuaires. Quel drame pour ces croyants païens ainsi dépossédés! Quel moment décisif aussi, dans l'utilisation politique du religieux, pour asseoir l'autorité d'un empereur qui veut unifier ses possessions. Se méfier, toujours, de cette intolérance...
Revenu, donc, avec au coeur la volonté d'être toujours davantage témoin de la miséricorde surabondante du Père. Assuré de voir là une réponse, et peut-être la réponse, au chaos qui gronde aujourd'hui autour de nous.