dimanche 16 février 2025

L'hyper-richesse au pouvoir?

 L'Evangile proclamé ce dimanche, à savoir la version des Béatitudes en saint Luc, a de quoi nous faire méditer... L'accent lucanien est en effet plus rude que celui de Matthieu : ainsi, là où ce dernier met sur les lèvres de Jésus "Bienheureux les pauvres de coeur...", Luc se contente d'un "Bienheureux les pauvres" et l'assortit d'une malédiction : "Malheureux les riches!"

Malheureux les riches! Pourtant, nous voyons que la richesse, et surtout ce que l'on nomme parfois "l'hyper-richesse", chez les patrons qui brassent des milliards d'euros ou de dollars, a comme une fâcheuse tendance, un peu partout, a s'emparer du pouvoir. Comme s'il était légitime que la richesse gouverne les peuples!

On oublie que cette hyper-richesse est un malheur. Ou même simplement une tristesse. La mise en garde de Jésus est claire : ceux qui ont tout et ne désirent plus rien, ils ont leur consolation. Une fois dans ma vie, je suis entré chez l'un de ces "hyper-riches" : c'était une espèce de forteresse aux murs ornés de tableaux de grand prix, sans doute, mais à l'atmosphère lugubre. Cette usine à fabriquer du fric faisait plus penser à un funerarium qu'à autre chose! Oui, il y a une tristesse de la richesse.

Et un bonheur de la pauvreté. Oh, entendons-nous bien : un bonheur de la pauvreté, pas de la misère. Bien sûr il faut assurer à chacun de quoi vivre dignement, et ce n'est gagné nulle part. Mais il y a un bonheur du manque, du creux, parce que le désir ne peut passer que par là. Et, avec le désir, l'espérance. Nous entendions aussi saint Paul, ce matin, et son observation à des Corinthiens tentés de ne pas croire à la résurrection des morts : "Si vous avez mis votre espérance en Christ pour cette vie-ci seulement, vous êtes les plus à plaindre de tous les hommes!"

S'enclore dans la seule matérialité de l'ici-bas, dans l'amoncellement de biens et de pouvoirs comme dans l'horizon du seul bonheur possible, c'est ça, le malheur.

Oui, malheureux les riches. Et vive ceux qui, comme saint François, rappellent à l'Eglise si souvent tentée de l'oublier, elle aussi, que c'est en épousant "Dame pauvreté" que l'on prend le chemin du bonheur.

mercredi 5 février 2025

Le triomphe de l'inculture

 Vous aurez appris comme moi la dernière trouvaille du Sieur Trump : déplacer les populations palestiniennes de Gaza pour livrer leur territoire à l'Etat d'Israël qui en fera "la côte d'azur du Proche-Orient".  Vulgarité, cynisme, mépris des personnes et des lois internationales en vigueur : tout est à vomir là-dedans, nous voyons se répéter les exactions qu'on croyait devenues impossibles, comme l'appropriation de l'Autriche par Hitler, ou de l'Ethiopie par Mussolini...  La Bête n'est plus à nos portes, elle est dans la place.

Mais avons-nous songé à notre responsabilité? Ce que l'Occident a méprisé, et qui est par conséquent foulé aux pieds aujourd'hui, c'est une certaine idée de la culture - de la littérature, des beaux-arts, des  sources antiques et bibliques de tout cela, qui ont forgé l'humanisme au moins depuis la Renaissance. On a chez nous jugé que cet héritage était "trop élitiste", et qu'on pouvait sans vergogne s'en débarrasser. On a mis à la poubelle ce qui nous tenait debout.

Voyez le résultat : quand un inculte devient empereur, cela donne ce que nous avons sous les yeux. Et bientôt, si les protestations internationales ne se multiplient pas, nous n'aurons plus que ces yeux-là pour pleurer.