jeudi 11 mars 2021

Laetare

 Ce dimanche, quatrième du Carême, nous sommes à la moitié de la route vers Pâques, qui déjà dévoile un peu de sa lumière. L'antienne de la messe est Laetare ("Réjouissez-vous"), réjouissez-vous de voir enfin approcher votre salut.

L'évangile, à partir de ce dimanche et, globalement, jusqu'à Pentecôte - avec quelques notables exceptions comme la Semaine Sainte ou la Première Semaine de Pâques - sera l'évangile de Jean, dont la lecture englobe en quelque sorte, dans sa distribution liturgique, les solennités à venir. Avec raison : y a-t-il texte plus "mystagogique", plus initiateur que celui-là? Avec le quatrième évangile, nous sommes introduits et sans cesse réintroduits dans le mystère de notre foi.

Et, ce dimanche, nous lisons quelques versets de l'étrange conversation liminaire de ce grand texte, au chapitre troisième : la conversation nocturne entre Jésus et Nicodème. Ce dernier est un curieux personnage, qui n'apparaît que dans cet évangile, et à trois reprises, au début donc, au milieu et à la fin, au Calvaire. Fascinant Nicodème, qui peut bien nous représenter tous - ne sommes-nous pas tous en quête de lumière, dans nos obscurités, ne marchons-nous pas tous à tâtons vers plus de clarté, ne pressentons-nous pas que le Christ peut nous offrir ce nouveau soleil?

(J'ai toujours été tellement intrigué par Nicodème, que je lui ai consacré un petit livre, qui a connu deux éditions sous deux titres différents : Un homme, la nuit et Renaître à la vie spirituelle... Mais bon, fermons cette parenthèse publicitaire!)

Jésus a donc dit à Nicodème que, pour accéder à plus de lumière, il doit renaître - et cet homme pourtant lettré, pharisien de surcroît, n'a rien compris à ce propos, il lui a tout au plus donné un sens premier, évidemment ridicule - "Je ne peux quand même pas rentrer dans le ventre de ma mère pour en ressortir", bévue dont Jésus s'est bien moqué : "Tu es sage en Israël et tu ne comprends pas ces vérités élémentaires de la vie spirituelle!" Dans les versets que nous lisons ce dimanche, Jésus ajoute qu'il doit lui, le Fils de l'Homme, être élevé comme le fut au désert le serpent de bronze qui guérissait de la morsure brûlante des serpents - entendez, qui guérissait du péché. Evocation déjà du Grand Vendredi de la Passion. Là, le Fils de l'Homme donnera sa vie par amour, écartelé entre ciel et terre, et ceux qui regarderont vers lui seront pareillement sauvés : "Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui." (Jn 3, 17) Oh, comme nous avons besoin de nous convertir encore et encore à cette parole pourtant toute simple, mais si décisive : le Fils de l'Homme n'est pas là pour juger, mais pour sauver. Quand cesserons-nous, nous chrétiens, nous fils dans le Fils,  de nous vouloir juges du monde? Quand refléterons-nous la lumière du salut que le Christ apporte à nos propres ténèbres?

Laetare, donc, "réjouissez-vous", car voici la lumière qui déjà brille dans nos nuits, pour révéler au monde combien nos oeuvres bonnes sont des oeuvres vraies, des oeuvres de Dieu, qui baignent dans cette clarté.

Autre bonne nouvelle pour les Bruxellois : à partir de ce samedi soir, les célébrations eucharistiques reprennent à la Cathédrale les samedis à 17h30 et dimanches à 9h30 et 11h00... pour quinze personnes maximum et sur inscription préalable au secrétariat (02 229 24 90). Qu'on se le dise!

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