Demain, solennité de l'Assomption. La Vierge Marie, pleinement femme et pleinement "humaine", est présente dans la gloire de Dieu avec un corps incorrompu. Elle figure ainsi notre destinée, le rêve de Dieu sur l'humanité, sur chaque être humain, dont le corps n'est pas seulement un vêtement provisoire qu'on enlèverait au moment de mourir pour le laisser pourrir en terre ou disparaître dans les flammes d'un crématoire. L'être humain, chaque être humain - vous, moi - non pas "a" un corps mais "est" un corps, et ce corps comme le reste de la destinée qu'il porte (âme, esprit, sensibilité, ...) est promis, donc - voilà ce que nous enseigne l'Assomption - à être "assumé" dans la gloire de Dieu.
Ce corps humain transfiguré déjà en Jésus, ressuscité avec lui, nous le considérons pourtant comme quantité négligeable. Oh, nous le nourrissons, bien sûr, trop et mal dans nos pays, et pas assez dans une majorité d'autres. Nous le fardons, l'habillons, quelquefois le bodybuildons, le voulant être l'expression de nos rêves de beauté, de séduction, de puissance. Nous déplorons les faiblesses de son vieillissement, au point de préférer parfois disparaître tout entiers quand il devient trop souffrant ou même trop décevant. Nous considérons trop peu sa fin, pour bien le traiter : sa fin est glorieuse, il est nous, il nous porte et nous constitue, et s'il disparaît à la mort devant nos yeux de chair, il est présent en creux dans nos destinées éternelles.
Il n'y a pas plus "charnel" que la célébration de l'Assomption, qui donne au corps humain sa véritable consistance, parce qu'elle lui donne sa véritable destinée. Celle d'une femme incorrompue, qui porte encore aujourd'hui, comme une Mère d'humanité nouvelle, cette assomption qu'au fond de nous, au plus intime, nous espérons tous.