La célébration de l'Ascension a d'abord de quoi nous plonger dans la perplexité, surtout en l'année liturgique "C" (celle-ci), quand nous avons entendu proclamer à Pâques l'Evangile de la Résurrection dans la version de Luc. Aux femmes déconcertées devant le vide du tombeau, les anges n'ont-ils pas déclaré : "Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts?" Mais le même évangéliste Luc, auteur du Livre des Actes des Apôtres que nous lisons en cette solennité de l'Ascension, rapporte que des anges, encore, messagers des mystères divins, dirent aux apôtres qui regardaient le ciel où Jésus s'était élevé et avait disparu : "Pourquoi cette admiration en regardant le ciel?"
D'où la perplexité dont je fais état : mais où faut-il donc regarder pour retrouver Jésus Ressuscité?
Pas parmi les morts, en effet : pour les chrétiens, Jésus n'est pas un personnage exemplaire du passé dont on ferait encore mémoire avec gratitude aujourd'hui, retenant quelques préceptes bienvenus de ses enseignements au sein d'un asbl appelée "Eglise" et qui perpétuerait son souvenir. Non. Il est le Vivant de Pâques, et ce n'est pas parmi les morts qu'il faut désormais le ranger ou le chercher.
Mais il ne s'agit pas non plus d'échapper à la condition humaine, pour le chercher. On ne le trouvera pas dans de mystiques (ou pseudo-mystiques) élévations, dans des désincarnations, dans des nirvanas éthérés, bref, dans toutes sortes de "ciels" ou de "cieux" évanescents où il n'est pas non plus!
Alors, où?
Dans l'ici-bas, avant de le rejoindre dans l'au-delà. Dans l'ici-bas, dans le concret, dans le quotidien, dans les relations humaines, familiales, sociales, professionnelles, culturelles, tout ce qu'on veut. Dans l'Eglise, qui est son Corps vivant et terrestre, et que les baptises constituent malgré leur faiblesse, dans l'Eglise qui est le Sacrement du Ressuscité, le signe tangible, visible et actuel de sa présence. Dans les sacrements de l'Eglise, qui nous unissent à ce Corps - ceux de l'initiation, d'abord, puis les autres qui en sont comme des rappels nécessaires.
Oui, dans l'ici-bas. Ni dans la tombe où il n'est plus. Ni dans l'imaginaire où il n'est pas. Dans le réel.