mardi 15 juillet 2025

Le bonheur de la conversation

 Aujourd'hui, 15 juillet, mémoire liturgique de Saint Bonaventure. A l'homélie de la messe, j'ai eu l'occasion de rappeler cette disputatio que l'on raconte, et qui, dit-on, opposa les deux grands théologiens latins du XIIIème siècle (morts du reste la même année, en 1274), Thomas d'Aquin et précisément Bonaventure.

Le sujet en était étrange : les anges, entre eux, se parlent-ils? (J'imagine que la question ne vous empêche guère de dormir...)

Réponse de Thomas, tout à sa logique aristotélicienne : Non, les anges sont des créatures parfaites et donc, uno intuitu, "d'un seul regard, d'un seul 'tchak' ", ils voient ce qu'il y a dans l'autre ange, et  n'ont pas besoin de se parler...

"Juste", répond Bonaventure : les anges sont des créatures parfaites et pour cela même n'ont pas besoin de se parler... Mais ils se parlent néanmoins, pour le plaisir de la conversation! Ils se parlent... pour ne rien dire, au fond (un peu comme j'écris ces lignes, tiens!) 

Il y a donc un bonheur de la conversation pour elle-même, un bonheur angélique, qui n'est pas de l'ordre de l'utile, qui est au-delà de l'utile. Un bonheur de l'entretien, voire de l'entre-tien, un bonheur de cette conversation qui nous tient ensemble. Un de mes professeurs parisiens de théologie, le regretté Guy Lafon, disait que Dieu se tenait dans l'entre de l'entre-tien. Prenons soin de nos conversations, Dieu s'y cache et s'y révèle tout ensemble! Et merci, Bonaventure!

1 commentaire:

  1. Amusant cette "disputatio" entre les deux saints à propos des anges . Bien qu'étant un peu étrangère au bonheur de la conversation, je la reconnais indispensable - la solitude non voulue pouvant etre mortelle - mais risquée car elle crée un lien avec autrui. Et je crois qu' effectivement Dieu se rend présent dans ce contact. Puissions nous ne jamais le refuser.

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